Paris (awp/afp) - Les actionnaires du géant du BTP Vinci ont largement approuvé mercredi la rémunération du PDG pour 2018, à quelque 2,5 millions d'euros, après l'avoir fait de justesse un an plus tôt, l'entreprise ayant entretemps durci ses objectifs de performance.

Réunis pour l'assemblée générale du groupe, les actionnaires ont voté à 93% pour octroyer une rémunération de 2,53 millions d'euros à Xavier Huillard.

Ce chiffre s'entend après que M. Huillard a demandé de "la réduire volontairement d'un montant de 300.000 euros" pour verser celui-ci à une fondation du groupe, a expliqué Pascale Sourisse, administratrice chargée des rémunérations.

L'assemblée générale avait lieu alors que les rémunérations des grands dirigeants sont de plus en plus débattues à l'occasion de ces rendez-vous annuels, avec en toile de fond la volonté du gouvernement de légiférer sur le sujet.

Pour Vinci, toutefois, l'assemblée s'est déroulée bien plus consensuellement qu'un an plus tôt: la rémunération de M. Huillard n'avait été adoptée qu'à une faible majorité et son mandat renouvelé sans gloire pour quatre ans, avec légèrement plus de 70% des votes.

Entretemps, le groupe a modifié plusieurs critères de sa rémunération, notamment sur le fait que M. Huillard doit recevoir 30.000 actions d'ici trois ans, soit 2,6 millions d'euros au cours actuel.

Il ne peut désormais plus y prétendre si le cours de Vinci enregistre une performance nettement inférieure au CAC 40 sur la période.

Cette modification était une revendication du cabinet Proxinvest, très influent chez les actionnaires français. Critique l'an dernier, il s'est cette année prononcé pour la rémunération du PDG de Vinci.

Les dirigeants du groupe ont, parallèlement, profité des questions des actionnaires pour réitérer de récentes prises de position au sujet des aéroports français, objets de multiples polémiques dans le monde politique.

Au moment où le parlement a adopté la loi permettant la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP) mais où des élus d'opposition ont enclenché un référendum pour l'empêcher, M. Huillard a redit l'intérêt potentiel de Vinci tout en s'affichant attentiste.

"Je ne peux pas répondre à la question de savoir si oui ou non nous participerons", avant de connaître les modalités de l'appel d'offres, a-t-il dit.

Quant à l'annulation de la construction de l'aéroport de Notre-Dame des Landes, près de Nantes, Vinci a réitéré un démenti quant à des négociations avec l'Etat, alors que la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a évoqué ce week-end une demande d'indemnisation de plusieurs centaines de millions d'euros de la part du groupe.

afp/rp