Lors de la présentation des résultats 2012, le groupe de télécoms et de divertissement, qui a engagé une réflexion sur sa stratégie pour tenter d'enrayer le plongeon de son cours en Bourse, n'a pas fourni de prévision chiffrée pour l'année 2013, mais a déclaré s'attendre à une conjoncture particulièrement difficile pour le marché français.

"Nous ne donnons pas de guidance annuelle pour l'ensemble du groupe et pour le dividende car il faut d'abord clarifier les options stratégiques et définir un périmètre plus stable pour le groupe", a déclaré son directeur financier Philippe Capron lors d'une conférence téléphonique.

Les difficultés de sa filiale de téléphonie mobile SFR en France ont conduit Vivendi à relancer le débat récurrent sur la pertinence d'un modèle associant médias et télécoms.

Les scénarios sont nombreux, la presse brésilienne évoquant une cession imminente de l'opérateur télécoms brésilien GVT, considéré comme l'une des pépites du conglomérat du fait de sa forte croissance ces dernières années.

Mais selon l'éditions des Echos de ce mardi, Vivendi a retardé la vente de GVT, faute d'en obtenir le prix souhaité, soit environ sept milliards d'euros.

"On est plus prêt de la fin du processus qu'on ne l'a jamais été" a souligné Philippe Capron, ajoutant toutefois "ne pas être pressé de vendre".

Parmi les hypothèses les plus fréquemment évoquées figurent en outre la vente des 53% que Vivendi détient dans l'opérateur marocain Maroc Télécom.

Le directeur financier du groupe a déclaré ne vouloir faire aucune annonce sur sa stratégie de cessions, tout en reconnaissant que le processus de redéfinition du périmètre du conglomérat "se poursuit".

"Nous ne sommes pas sous pression, on ne se sent pas contraint de faire aboutir ces processus de cessions si les prix proposés ne sont pas bons", a indiqué Philippe Capron, rappelant la bonne santé financière de l'entreprise, en dépit de charges non récurrentes pesant cette année sur l'endettement, liées notamment à l'acquisition des activités de musique enregistrée d'EMI.

SFR N'EST PAS À VENDRE

La division mobile SFR du conglomérat, qui a souffert des pressions concurrentielles accrues sur le marché français de la téléphonie mobile depuis l'arrivée de Free mobile (Iliad), a dégagé un chiffre d'affaires en baisse de 7,3% par rapport à 2011, et un Ebitda en recul de 13,2%.

Pour 2013, SFR prévoit un Ebitda proche de 2,9 milliards d'euros et des investissements de l'ordre de 1,6 milliard d'euros.

Face aux prix cassés proposés par Free mobile, la filiale de Vivendi a renforcé l'année dernière, comme ses concurrents, son positionnement sur le segment des offres à bas coûts pour tenter de limiter l'exode de ses abonnés.

"Après les différents rounds d'adaptations tarifaires qu'on a vécus cette année, nous n'anticipons pas de nouvelles baisses des prix", a toutefois précisé Philippe Capron.

"Tout l'enjeu est d'arriver à monétiser la 4G dans de bonnes conditions".

En janvier, 2012, le groupe avait déboursé 1,65 milliard d'euros pour acquérir la fréquence de ce réseau mobile de dernière génération qui permet d'acheminer des débits jusqu'à dix fois supérieurs à ceux des réseaux actuels.

"Pour maximiser la valeur de SFR, nous allons continuer à investir pour accélérer la croissance, adapter la structure de coût en réalisant notre plan d'économies de 500 millions d'euros et étudier des partenariats de partage de réseaux et partenariats industriels", a expliqué le président du directoire Jean-François Dubos lors d'une conférence de presse.

"SFR n'est pas à vendre", a par ailleurs répété Philippe Capron, alors que des informations de presse rapportaient ce week-end que le câblo-opérateur Numericable voudrait déposer une offre de rachat en cash sur la totalité du capital de SFR après l'échec de son offre de fusion.

RÉSULTATS RECORDS POUR ACTIVISION BLIZZARD

"Malgré un contexte économique difficile, toutes les filiales de Vivendi ont atteint leurs objectifs en 2012" a déclaré Jean-François Dubos.

Le numéro un mondial des jeux vidéo Activision Blizzard, créateur des franchises à succès "Call of Duty" et "World of Warcraft", dans lequel Vivendi possède une participation de 61%, a publié des résultats records avec un chiffre d'affaires et un Ebitda respectivement en hausse de 9,8% et 13,6%.

Au total, le conglomérat a affiché un résultat net ajusté de 2,55 milliards d'euros en 2012, un chiffre en repli de 13,6% par rapport à 2011, mais de 2,86 milliards avant impact des éléments non-récurrents, soit légèrement supérieur à la prévision du groupe de 2,7 milliards d'euros.

Vivendi a également fait état d'un chiffre d'affaires annuel en hausse de 0,6% à 28,994 milliards d'euros, contre 28,51 milliards attendu par le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

Après avoir accusé une forte baisse dans les premiers échanges en Bourse, l'action Vivendi ne cédait plus que 0,09% à 15,93 euros vers midi, dans un marché tendu par les résultats des élections italiennes, l'indice CAC 40 reculant de 2,3%.

Le titre accuse un recul de près de 6% depuis le début de l'année. Sur la même période, l'indice sectoriel des médias a gagné 3,1% et celui des télécoms a perdu 2%.

Catherine Monin, édité par Jean-Michel Bélot