Un revers pour Vivendi mais pas une catastrophe. C'est en substance l'analyse que délivrent ce matin de nombreux bureaux d'études après le blocage de l'accord Canal+/beIN par l'Autorité de la concurrence. D'abord, plusieurs brokers notent que cette décision n'est pas une grande surprise au vu des rumeurs qui circulaient sur les marchés depuis début mai. Oddo néanmoins la juge "surprenante" car il attendait un feu vert assorti de conditions sur la non-exclusivité de la distribution des programmes beIN ou encore sur le fait que Canal ne serait pas devenu propriétaire de la base d'abonnés.

Pour l'analyste, le rapprochement Canal/beIN aurait permis à la chaine cryptée de se renforcer face aux concurrents et de simplifier ses offres.

De son côté, Kepler Cheuvreux note non seulement que ce n'est pas une surprise mais en plus que l'absence d'accord pourrait être une bonne chose pour Vivendi. Le broker rappelle que sa mise en place aurait été coûteuse - le coût est estimé à 300 millions d'euros par an - et que son efficacité en termes de revenus est sujette à caution. Kepler note aussi que beIN est confronté à des pertes opérationnelles importantes qui pourraient aboutir à une cession de la chaine.

En termes d'impact financier ensuite, les brokers ne se montrent pas spécialement alarmistes pour Canal+ et Vivendi. L'absence d'accord va peut-être ralentir le redressement de la chaine mais sans l'empêcher totalement. Exane BNP Paribas voit ainsi les autres leviers que le groupe pourrait activer pour stopper l'érosion de sa base d'abonnés et atteindre son objectif d'un équilibre opérationnel en 2018 : baisses de coûts, meilleure segmentation de l'offre, nouvelles chaines, contenus exclusifs... Le broker évoque même une possible collaboration informelle entre Canal+ et beIN au titre de laquelle le premier rachèterait certains droits de diffusion détenus par le second.

Toujours sur l'impact financier, Société Générale évalue à seulement 0,3 euro par action la "perte d'opportunité" liée à la décision de l'Autorité de la Concurrence. Cette dernière ne devrait pas entrainer de modification du consensus puisque les analystes n'avaient pas modélisé son effet potentiel sur les résultats de Canal+ et donc de Vivendi, juge le bureau d'études.