VIVENDI : l'absence d'accord entre Canal et beIN n'effraie pas outre mesure les analystes
Le 10 juin 2016 à 11:22
Partager
Un revers pour Vivendi mais pas une catastrophe. C'est en substance l'analyse que délivrent ce matin de nombreux bureaux d'études après le blocage de l'accord Canal+/beIN par l'Autorité de la concurrence. D'abord, plusieurs brokers notent que cette décision n'est pas une grande surprise au vu des rumeurs qui circulaient sur les marchés depuis début mai. Oddo néanmoins la juge "surprenante" car il attendait un feu vert assorti de conditions sur la non-exclusivité de la distribution des programmes beIN ou encore sur le fait que Canal ne serait pas devenu propriétaire de la base d'abonnés.
Pour l'analyste, le rapprochement Canal/beIN aurait permis à la chaine cryptée de se renforcer face aux concurrents et de simplifier ses offres.
De son côté, Kepler Cheuvreux note non seulement que ce n'est pas une surprise mais en plus que l'absence d'accord pourrait être une bonne chose pour Vivendi. Le broker rappelle que sa mise en place aurait été coûteuse - le coût est estimé à 300 millions d'euros par an - et que son efficacité en termes de revenus est sujette à caution. Kepler note aussi que beIN est confronté à des pertes opérationnelles importantes qui pourraient aboutir à une cession de la chaine.
En termes d'impact financier ensuite, les brokers ne se montrent pas spécialement alarmistes pour Canal+ et Vivendi. L'absence d'accord va peut-être ralentir le redressement de la chaine mais sans l'empêcher totalement. Exane BNP Paribas voit ainsi les autres leviers que le groupe pourrait activer pour stopper l'érosion de sa base d'abonnés et atteindre son objectif d'un équilibre opérationnel en 2018 : baisses de coûts, meilleure segmentation de l'offre, nouvelles chaines, contenus exclusifs... Le broker évoque même une possible collaboration informelle entre Canal+ et beIN au titre de laquelle le premier rachèterait certains droits de diffusion détenus par le second.
Toujours sur l'impact financier, Société Générale évalue à seulement 0,3 euro par action la "perte d'opportunité" liée à la décision de l'Autorité de la Concurrence. Cette dernière ne devrait pas entrainer de modification du consensus puisque les analystes n'avaient pas modélisé son effet potentiel sur les résultats de Canal+ et donc de Vivendi, juge le bureau d'études.
Vivendi SE regroupe plusieurs entreprises leaders dans la production de contenus, la communication et les médias :
- Groupe Canal+ : un des principaux opérateurs de télévision payante en France, au Benelux, en Pologne, Europe Centrale, Afrique et en Asie ;
- Lagardère : groupe d'éditions, de médias et de commerce de détail en zones de transport de voyageurs ;
- Studiocanal : acteur européen de premier plan en matière de production, d'acquisition, de distribution et de ventes internationales de films et de séries TV ;
- Havas : groupe de communication mondial organisé en trois unités opérationnelles qui couvrent l'ensemble des métiers du secteur (créativité, expertise média et santé/bien-être) ;
- Editis (activité en cours de cession) : deuxième groupe d'édition français et leader dans plusieurs domaines dont la littérature générale, la jeunesse, la pratique, l'illustré, la bande dessinée, l'éducation et la référence ;
- Prisma Media : leader en France de la presse magazine, de la vidéo en ligne et de l'audience digitale quotidienne ;
- Gameloft : un leader mondial des jeux vidéo sur mobile ;
- Vivendi Village : il rassemble la société internationale de billetterie See Tickets, le promoteur et détenteur de festivals Olympia Production (France), le détenteur de festivals U Live (Royaume Uni), les salles de spectacles parisiennes Olympia et le Théâtre de l'Oeuvre, les salles de cinéma et de spectacles CanalOlympia (Afrique), et l'agence de développement et de conseil en propriété intellectuelle The Copyrights Group ;
- Dailymotion : une des plus grandes plateformes d'agrégation et de diffusion de contenus vidéo au monde (plus de 350 millions d'utilisateurs uniques par mois) ;
- Group Vivendi Africa (GVA) : un opérateur de réseaux FTTH (Fiber to the home) en Afrique sub-saharienne.