La défaite en chantant. Le fait que Vivendi ait sonné hier soir la retraite en vendant l'intégralité des actions Ubisoft qu'il détenait, soit 27,27% du capital, ne chagrine pas du tout les investisseurs. Au contraire : Vivendi gagne 0,51% à 21,51 euros et surperforme un CAC 40 en baisse de 0,52%. Pourtant, il est clair que ce désengagement est un échec stratégique pour le groupe de médias et de divertissement, parti à l'assaut d'Ubisoft en octobre 2015.

Vivendi avait alors ouvert deux fronts pour se diversifier dans les jeux vidéo, devenant actionnaire à la fois d'Ubisoft et de sa cousine Gameloft. Depuis, Gameloft est passé dans le giron de Vivendi et a été retiré de la cote mais Ubisoft a résisté jusqu'au dénouement d'hier soir. A force de bons résultats et d'achats de titres par la famille fondatrice, les Guillemot, la capitalisation boursière d'Ubisoft s'est envolée, rendant toute acquisition de plus en plus hasardeuse pour Vivendi.

Mais au-delà de ces considérations stratégiques, les investisseurs saluent les bonnes conditions dans lesquelles Vivendi a cédé ses actions Gameloft. Le produit de la vente est en effet estimé à 2 milliards d'euros alors que ces titres avaient été acquis pour 794 millions d'euros il y a plus de trois ans. La plus-value s'élève donc à plus d'un milliard d'euros pour le groupe.

Réagissant ce matin à cette opération, Liberum observe que Vivendi a accepté une petite décote de 4% sur le prix de ses actions Ubisoft par rapport au cours de clôture d'hier soir. L'analyste y voit la nécessité pour le groupe de médias de récupérer rapidement du cash pour, sans doute, réaliser de nouvelles opérations de fusions-acquisitions. Liberum rappelle que Vivendi a rappelé à de nombreuses reprises que la diversification dans les jeux vidéo était une nécessité stratégique dans le cadre de la convergence entre les réseaux (Dailymotion, Canal+) et les contenus (jeux vidéo, droits sportifs, morceaux de musique produits par Universal Music). Reste maintenant à savoir qui pourrait être la cible de Vivendi...

Par ailleurs, la cession de la participation dans Ubisoft permet à Vivendi de simplifier (modestement) une structure complexe. A côté d'Universal Music, de Canal+, d'Havas, de Gameloft et de Vivendi Village, entre autres, Vivendi a de multiples participations dans Telecom Italia, Mediaset, Telefonica, Fnac-Darty... Les analystes pointent souvent cet organigramme difficile à lire, en notant qu'il entraine une décote de holding sur Vivendi tant les liens sont compliqués à faire entre tous ces actifs.

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Ubisoft Entertainment