La partie de poker qui se joue actuellement autour de Telecom Italia (-0,69% à 0,775 euro) approche sans doute de son dénouement. En annonçant hier soir, à quelques minutes d'intervalle, la démission du Conseil d'administration de l'opérateur italien, ce dernier et son premier actionnaire Vivendi (-0,38% à 21,06 euros) "font tapis" et laissent aux actionnaires le soin de trancher le litige qui oppose ce dernier à l'investisseur activiste Elliott. Ce dernier détient en direct 3,75% du capital et des droits de vote de Telecom Italia (TIM).

Les trois représentants de Vivendi au Conseil de TIM - son président du Directoire Arnaud de Puyfontaine, son secrétaire général Frédéric Crépin et son directeur financier Hervé Philippe - vont donc quitter leur poste. Quatre autres administrateurs indépendants vont suivre : Camilla Antonini, Félicité Herzog (indépendante mais faisant partie de la liste proposée par Vivendi l'année dernière), Marella Moretti et Anna Jones.

Vivendi mettra son influence en jeu le 4 mai

Ces départs, ajoutés à celui attendu du vice-président Giuseppe Recchi, ont abouti à la démission de la majorité du Conseil, à savoir huit membres sur 15, et donc, au titre des statuts de TIM, à sa dissolution complète. Ainsi, la question de la composition du Conseil, qu'Elliott souhaitait faire figurer à l'ordre du jour de la prochaine Assemblée générale du 24 avril est repoussée. Une assemblée générale dédiée à ce sujet sera organisée le 4 mai.

Pour Jefferies, cette manœuvre montre que Vivendi prend au sérieux les critiques d'Elliott à l'encontre de la gouvernance qu'il insuffle à Telecom Italia. L'analyste suggère que le groupe français a agi ainsi par crainte de subir un affront le 24 avril : qu'Elliott remporte la mise et que les actionnaires soutiennent effectivement la révocation de ses représentants au Conseil. En clair, le groupe français chercherait à gagner du temps pour convaincre d'autres actionnaires de lui maintenir leur soutien. Toutefois, pour Jefferies, la partie n'est pas gagnée et Elliott reste bien placé pour contrarier les plans de Vivendi.

Oddo BHF, de son côté, juge que "la manœuvre est assez fine de la part de Vivendi, car soit ils regagnent de la crédibilité par rapport à Elliott, soit ils bénéficieront en tant qu'actionnaires de la spéculation court terme autour du titre et d'un potentiel démantèlement et seraient alors légitimement sortants. La science des AG de Bolloré va donc affronter l'activisme d'Elliott et pour l'heure Vivendi tient la corde".

Vivendi met Elliott au pied du mur sur la stratégie pour TIM

Une autre lecture est celle de Berenberg. Pour lui, en abattant son jeu, Vivendi met Elliott au pied du mur. D'une part, il le contraint à présenter assez de candidats pour pourvoir l'ensemble des sièges du Conseil d'administration et non seulement à batailler pour six postes. D'autre part, le fonds va devoir dévoiler un plan stratégique crédible pour TIM. En effet, Elliott critique la stratégie déployée par Amos Genish, directeur général du groupe soutenu par Vivendi.

Enfin, Liberum estime que la décision de Vivendi pourrait être suivie par un désengagement complet du groupe français de chez Telecom Italia. Avec le cash tiré d'une telle cession, estimé à 2,5 milliards d'euros par l'analyste, Vivendi gagnerait des moyens supplémentaires pour partir à l'assaut de Mediaset. Du côté du groupe français, on se tient à la même ligne depuis des mois : Vivendi est un actionnaire de long terme de Telecom Italia.

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia