S'exprimant à la suite d'une réunion du conseil de surveillance, le premier constructeur automobile européen a dit qu'il consacrerait plus de 34 milliards d'euros à la voiture électrique, à la conduite autonome et aux nouveaux services de mobilité d'ici la fin 2022.

Les investissement totaux représenteront dans les 72 milliards d'euros d'ici 2022, a ajouté VW, confirmant des informations données par Reuters.

Voitures électriques et voitures autonomes passent pour être les piliers de l'avenir de l'automobile mais des pionniers tels que Tesla et d'autres constructeurs n'arrivent pas encore à faire de l'argent sur eux en raison d'infrastructures insuffisantes, des batteries onéreuses et d'une autonomie encore trop courte.

"Le plan ayant dorénavant été approuvé, nous allons établir les fondations à partir desquelles Volkswagen pourra devenir le numéro un mondial de la mobilité électrique d'ici 2025", a déclaré Matthias Müller, le président du directoire.

L'objectif d'investissement a été sensiblement revu à la hausse. Deux mois auparavant, VW déclarait en effet qu'il investirait plus de 20 milliards d'euros dans la voiture électrique et la voiture autonome jusqu'en 2030.

Le groupe de Wolfsburg n'a pris le virage de l'électrique qu'avec retard, après avoir admis, en septembre 2015, avoir triché sur les tests d'émissions polluantes de ses moteurs diesel aux Etats-Unis.

Ce scandale et les nouveaux quotas de voitures électriques que la Chine va imposer ont provoqué un changement de cap stratégique vers les véhicules écologiques et autonomes et VW s'est engagé à proposer une version électrique de chacun des 300 modèles du groupe d'ici 2030.

FAIRE DES ÉCONOMIES PARTOUT

Pour financer cette nouvelle offensive, Volkswagen va économiser partout ailleurs, dans la conception de véhicules, l'administration et la production, et piocher également dans sa solide trésorerie.

En solde net, elle représentait encore 24 milliards d'euros au terme d'une période de neuf mois, en dépit des coûts du "dieselgate". La division automobile a réalisé 1,9 milliard d'euros d'économies depuis le début de l'année, remplissant ainsi quasiment l'objectif fixé pour l'ensemble de l'exercice.

VW veut ramener les dépenses globales des usines, équipements et technologies, à 6% des ventes d'automobiles d'ici 2020 contre 6,9% l'an dernier, comptant sur une hausse des revenus et des livraisons dans les années à venir.

Il veut également porter la part des véhicules électriques à trois millions d'exemplaires, soit le quart des livraisons du groupe, d'ici 2025, en supposant que les ventes continuent sur leur poussée pour atteindre dans les 12 millions d'unités d'ici le milieu de la prochaine décennie contre 10,3 millions l'an dernier.

"Les investisseurs devraient saluer tout engagement vers une discipline d'investissement mieux adaptée aux réalités du moment", a dit Arndt Ellinghorst, analyste d'Evercore ISI, qui est à "surperformer" sur Volkswagen.

"Pour l'instant, VW a bien progressé cette année, réduisant à la fois l'investissement productif et les coûts de recherche-développement".

Bernd Osterloh, le président du comité d'entreprise, a dit que les objectifs d'investissement approuvés vendredi renforceraient les 10 usines allemandes du constructeur, observant que trois milliards d'euros seraient investis dans l'usine-mère de Wolfsburg.

Des investissements dépassant le milliard d'euros seront affectés au site de Zwickau, dans l'est de l'Allemagne, pour y accélérer la production de véhicules électriques, avec pour objectif ultime de ne plus y produire de véhicules polluants, a expliqué VW.

La production des modèles à moteur à explosion Golf et Passat sera transférée à des sites sous-employés de Wolfsburg et d'Emden.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny et Bertrand Boucey)

par Andreas Cremer et Jan Schwartz