SAO PAULO, 28 février (Reuters) - Le président d'une "commission vérité" enquêtant sur les abus commis pendant la dictature militaire mise en place au Brésil entre 1964 et 1985 a accablé Volkswagen, estimant vendredi que le constructeur automobile allemand avait livré un témoignage "insatisfaisant" concernant ses liens supposés avec le régime de l'époque.

Lors d'une audition tendue de près de trois heures, Adriano Diogo et plusieurs anciens salariés de Volkswagen ont pressé de questions un dirigeant de l'entreprise sur la manière dont cette dernière aurait collaboré avec le régime.

Des documents découverts l'an dernier suggèrent que le constructeur allemand avait collecté des informations sensibles sur l'activité des syndicalistes pour les transmettre à la dictature militaire.

Les travailleurs figuraient sur une sorte de "liste noire" établie par la police. Certains furent alors licenciés, emprisonnés ou harcelés par les forces de sécurité.

Volkswagen était l'une des trois entreprises à venir témoigner devant la commission présidée par Adriano Diogo, membre du Parti des travailleurs au pouvoir.

Les deux autres sociétés, les brésiliennes Grupo Aliperti et Cobrasma, n'ont pas envoyé de représentants.

Rogeria Varga, responsable des affaires juridiques chez Volkswagen, a déclaré que l'entreprise respectait le travail mené par les différentes "commissions vérité" au Brésil, tout en disant qu'elle passait encore en revue ses archives internes pour savoir si les accusations de collaboration sont fondées.

"Il n' y a aucun document (...) qui montre Volkswagen en train de collaborer ou de violer les droits de l'homme", a-t-il dit ajoutant que les informations relatives aux salariés figurant sur la "liste noire" auraient pu être obtenues par la police ou les syndicats plutôt que d'être fournies par les entreprises.

"L'entreprise n'a rien à cacher", a poursuivi Rogerio Varga.

Lors de la conclusion de l'audition, Adriano Diogo, a qualifié le témoignage de Volkswagen de "totalement insatisfaisant".

"Venir ici sans aucune donnée, sans aucune forme de reconnaissance du rôle joué par les entreprises, c'est continuer à se moquer de nous."

Certains juristes doutent que les preuves réunies jusqu'à présent soient suffisantes pour monter un dossier et que l'intérêt des travaux la commission de vérité est plutôt d'éclairer une période révolue de l'histoire du Brésil, devenu depuis un Etat stable et démocratique. (Brian Winter, Benoît Van Overstraeten pour le service français)