Volkswagen (+3,18% à 240,35 euros) s'est installé en tête du Dax à l'issue d'un week-end mouvementé pour la gouvernance du premier constructeur européen. En effet, le conflit qui opposait depuis plusieurs mois le patron du groupe, Martin Winterkorn, et le patriarche et petit-fils du fondateur de l'emblématique Coccinelle, Ferdinand Piëch, a trouvé son épilogue avec la démission "avec effet immédiat" de ce dernier de son poste de président du conseil de surveillance.

Cette guerre larvée de plusieurs mois entre les deux hommes avait atteint son paroxysme le 11 avril dernier, date à laquelle le roi désormais déchu du groupe de Wolfsburg avait publiquement retiré son soutien à Martin Winterkorn, en déclarant "prendre ses distances" avec un homme qu'il avait pourtant aidé à monter à la tête du groupe en 2007.

Mais, las de ses manoeuvres et autres coups bas dont il était coutumier, les membres du conseil surveillance ont finalement "lâché" celui qui a dirigé Volkswagen entre 1993 et 2002 avant de prendre, à partir de cette date, la tête du conseil de surveillance.

"Le président a unilatéralement plongé l'entreprise dans les pires turbulences possibles", disait cette semaine un représentant des salariés au conseil de surveillance. "Il devrait vraiment réfléchir à ce que cela implique pour lui et pour sa situation."

Coup de grâce, le "patriarche" a même perdu le soutien de son propre cousin, Wolfgang Porsche, qui s'est rangé derrière Winterkorn.

De plus en plus isolé, la situation devenait irrespirable pour celui qui fut notamment le maître d'oeuve du mariage entre Volkswagen et Porsche en 2009 ou en accompagnant la montée en gamme d'Audi pour concurrencer Mercedes et BMW.

Quelles sont les conséquences de ce "retrait forcé" pour le groupe ? "Le départ de Piëch est un séisme au sein de la structure de pouvoir de Volkswagen et il pourrait avoir des conséquences spectaculaires sur le fonctionnement d'un des premiers constructeurs automobiles au monde", souligne Karl Brauer, analyste senior chez Kelley Blue Book cité par Reuters.

Dans l'immédiat, Winterkorn sort renforcé d'un bras de fer où il a également pu éjecter la femme de Ferdinand Piëch du conseil de surveillance et semble en pôle position pour en prendre la tête... ce que le patriarche voulait éviter à tout prix.

(S.H)