Cette enquête donne un premier aperçu de l'impact du scandale, le plus grave en 78 ans d'existence pour Volkswagen, sur le moral de la première économie d'Europe, alors même qu'une série d'indicateurs récents ont dévoilé une baisse des commandes et de la production industrielles et une chute des exportations.

L'institut basé à Mannheim annonce que son indice du sentiment économique est tombé ce mois-ci à 1,9, son plus bas niveau depuis octobre 2014, contre 12,1 le mois dernier et un consensus Reuters nettement plus élevé, qui était à 6,0.

"Le scandale des émissions chez Volkswagen et la faible croissance des marchés émergents refroidissent les perspectives économiques de l'Allemagne", explique le ZEW dans un communiqué.

Il a toutefois ajouté qu'étant donné l'environnement positif sur le marché intérieur et la reprise en zone euro, il était peu probable que l'économie allemande plonge dans une récession.

Venant à l'appui de l'institut, le ministre de l'Economie Sigmar Gabriel a estimé mardi que le scandale VW ne serait pas durablement préjudiciable à l'économie allemande.

Ulrich Grillo, président de la fédération BDI des industries allemandes, a pareillement jugé que l'affaire VW ne porterait pas atteinte à la réputation de l'Allemagne dans le monde industriel.

Volkswagen est le premier constructeur automobile d'Europe et le plus gros employeur en Allemagne, avec plus de 270.000 emplois dans le pays et encore plus chez ses fournisseurs.

L'industrie automobile a par ailleurs contribué à hauteur de 17,9% aux 1.100 milliards d'euros d'exportations allemandes réalisées l'an dernier, selon les données de Deutsche Bank.

Thomas Gitzel, économiste chez VP Bank, attribue lui aussi la forte baisse de l'indice ZEW au scandale chez Volkswagen.

"Le scandale des émissions de VW a probablement pesé sur le moral des analystes sur les marchés financiers et les prises de commandes ont également été décevantes ces derniers temps. Tout cela va refroidir les optimistes", a-t-il dit.

Mais un taux de chômage à son plus bas record, des augmentations salariales correctes et la faiblesse des taux d'intérêt devraient maintenir l'économie allemande sur la bonne voie, a-t-il estimé, tout en ajoutant que l'afflux de réfugiés dans le pays "joue comme une mini-plan de relance économique car il entraîne une augmentation des dépenses de l'Etat".

L'Allemagne a subi la semaine dernière une série noire d'indicateurs médiocres pour le mois d'août avec la plus forte baisse de ses exportations depuis la crise financière, le plus net recul de la production industrielle en un an et un recul également des commandes.

Un haut fonctionnaire a indiqué mardi à Reuters que le gouvernement allemand allait prochainement abaisser sa prévision de croissance pour cette année à 1,7% tout en maintenant sa prévision pour l'année prochaine à 1,8%.

Le sous-indice de la situation actuelle est tombé à 55,2 contre 67,5 en septembre alors qu'il était attendu à 64,7.

(Michelle Martin, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)