FRANCFORT, 1er mai (Reuters) - Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a reproché dimanche aux membres du directoire de Volkswagen de n'avoir pas renoncé à leurs primes malgré le scandale des moteurs diesel manipulés qui a plongé le groupe automobile dans la tourmente.

"Je n'ai aucune sympathie pour des dirigeants qui conduisent un grand groupe coté au bord du gouffre et défendent ensuite leurs bonus dans un débat public", a déclaré le ministre au journal dominical Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.

"Cela montre que quelque chose ne tourne pas rond."

Volkswagen prévoit de verser à ses 12 actuels et anciens membres du directoire 63,24 millions d'euros au titre de 2015, année qui s'est soldée par une perte record pour le premier constructeur automobile européen.

Une petite partie des primes prévues fera l'objet d'un versement différé, conditionné à l'atteinte de certains objectifs de performance parmi lesquels un redressement du cours de Bourse de Volkswagen.

L'annonce de ces primes a suscité un tollé en Allemagne et des critiques jusqu'au sein du conseil de surveillance de VW.

Rappelant que le "dieselgate" coûtera des milliards d'euros au groupe, le Land de Basse-Saxe, son deuxième actionnaire, a demandé l'annulation ou tout du moins la réduction des primes.

Jörg Bode, ancien représentant de la Basse-Saxe au conseil de surveillance, a affirmé au journal Welt am Sonntag que l'ancien président du directoire Martin Winterkorn et ses collègues seraient bien inspirés de rendre la partie variable de leur rémunération qui a découlé de "réductions de coûts par la fraude".

Bernd Osterloh, président du conseil d'entreprise de VW et membre du conseil de surveillance, avait émis une opinion semblable il y a quelques jours, y voyant "aussi une question de morale."

Interrogé par le Welt am Sonntag, il indique que le conseil de surveillance se penchera sur le système de calcul des rémunérations de la direction une fois passé le scandale.

Avec la perte record de 2015, le dividende de VW a fondu à 17 centimes par action préférentielle contre 4,86 euros en 2014. (Arno Schütze, Véronique Tison pour le service français)