(Actualisé avec Maison blanche NRA,)

WASHINGTON, 5 octobre (Reuters) - Le débat sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis s'est déplacé jeudi vers les "bump stocks", un mécanisme d'automatisation des armes dont le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a souhaité que les parlementaires étudient la réglementation.

"C'est vraiment une chose que nous devons examiner. Je ne savais même pas que cela existait avant cette semaine", a déclaré Ryan à propos de ce dispositif qui permet à une arme semi-automatique de tirer en rafale.

La question du contrôle des armes à feu, dont la détention est garantie par le deuxième amendement de la Constitution, est à nouveau posée après le massacre commis par un retraité de 64 ans, dimanche soir à Las Vegas.

Jusqu'ici silencieuse, la National Rifle Association (NRA), qui défend le droit des Américains à porter des armes, s'est dite favorable à un durcissement de la législation entourant les "bump stocks" et a demandé au Bureau fédéral des armes à feu de vérifier si ces dispositifs étaient conformes à la législation.

La Maison blanche a de son côté dit saluer ces effort et souhaiter contribuer à la discussion.

"Nous pourrions prendre n'importe quelle décision afin d'éviter que cela se reproduise", a dit la présidence.

Stephen Paddock a abattu 58 personnes en tirant depuis sa chambre dans un hôtel-casino de la ville, perpétrant la plus meurtrière fusillade de l'histoire moderne des Etats-Unis.

Les parlementaires démocrates tentent de saisir cette occasion pour ouvrir un débat sur le contrôle de la vente des armes à feu dans le pays. Les républicains se montrent réticents, voire hostiles, connaissant l'attachement de leur électorat traditionnel à ce droit constitutionnel.

Les "bump stocks" sont vendus légalement dans les armureries américaines et concentrent l'intérêt des amateurs d'armes comme des défenseurs de contrôles renforcés.

A Gainesville, en Géorgie, le "Georgia Gun Store" a reçu depuis dimanche plusieurs appels de clients sur ces mécanismes permettant de transformer des fusils semi-automatiques en armes pouvant tirer une centaine de balles par minute.

Certains amateurs d'armes à feu s'inquiètent en effet d'une possible interdiction de ces mécanismes. "Tous ceux qui veulent en acheter sont probablement inquiets de leur interdiction", explique Kellie Weeks, la propriétaire du magasin, précisant que les stocks de plusieurs distributeurs étaient d'ores et déjà épuisés.

LIMITER LA POLÉMIQUE

Selon les autorités, Stephen Paddock détenait douze armes ainsi modifiées, dans la chambre d'hôtel d'où il a tiré sur la foule rassemblée pour un concert.

La sénatrice démocrate Dianne Feinstein a introduit mercredi au Sénat un projet de loi visant à interdire ces mécanismes et tous les éléments "modifiant facilement et à moindre coût des armes légales en (...) fusils mitrailleurs".

Plusieurs élus républicains, typiquement opposés à des restrictions sur les armes à feu, se sont dits ouverts à une telle idée, notamment le numéro deux des conservateurs au Sénat, le sénateur du Texas John Cornyn.

Afin sans doute de limiter la polémique, les supermarchés Wal-Mart et la chaîne américaine d'équipements sportifs Cabela ont retiré mercredi ces mécanismes de leurs sites de vente en ligne, sans fournir d'explication.

Les armes automatiques sont interdites aux civils aux Etats-Unis depuis 1986.

En revanche, les fusils semi-automatiques, pour lesquels chaque pression sur la détente ne déclenche qu'un tir, sont en vente libre, avec vérifications selon les Etats.

Les mécanismes dits de "bump stock" se montent précisément sur des armes semi-automatiques. Utilisant l'énergie de recul produite par le tir pour repousser la gâchette vers le doigt du tireur, ils permettent d'enchaîner beaucoup plus vite les tirs.

Les "bump stocks" sont commercialisés comme des dispositifs permettant de simuler l'usage d'un fusil mitrailleur. Des vidéos promotionnelles montrent des tireurs vider près de 100 cartouches en sept secondes.

Le mécanisme reste un gadget et se vend peu, rapportent toutefois plusieurs armuriers, notamment car il compromet la précision des tirs et utilise beaucoup de munitions.

"Ils s'en vend un peu, mais c'est minime", confie C.J. Calesa, employé du Birmingham Pistol Wholesale à Trustville, dans l'Alabama. "On en vend une dizaine par an." (Joseph Ax et Gina Cherelus, Susan Heavey; Julie Carriat et Pierre Sérisier pour le service français)