New York (awp/afp) - Wal-Mart a agréablement surpris les marchés jeudi avec une hausse surprise de ses ventes qui a rassuré quelque peu sur l'état de la consommation américaine après une salve de résultats décevants dans la distribution.

Pour la première fois depuis de nombreux trimestres, le numéro un mondial de la distribution a enregistré une augmentation de son chiffre d'affaires en dépit d'une forte concurrence dans les produits alimentaires où ses rivaux rivalisent de promotions. Celui-ci a progressé de 1% à 115,9 milliards de dollars lors du premier trimestre de son exercice décalé 2016/17 achevé fin avril. Experts et marchés attendaient a contrario un recul à 113,22 milliards.

Encore mieux, dopées par une hausse de la fréquentation (+1,5%) principalement dans les magasins de proximité, les ventes à magasins comparables, un des indicateurs de la rentabilité, ont augmenté de 1%, c'est un peu plus de deux fois que la hausse de 0,4% sur laquelle tablaient les marchés.

A Wall Street, les investisseurs saluaient ces annonces: le titre Wal-Mart, en hausse de seulement 3% depuis le début de l'année, gagnait 8,47% à 68,30 dollars vers 12H45 GMT dans les échanges électroniques de pré-séance.

- "Bonne dynamique" -

"Il y a une très bonne dynamique dans plusieurs segments de l'activité", a tenu à souligner le directeur financier Brett Biggs, rompant avec les déclarations pessimistes faites récemment par les enseignes américaines du prêt-à-porter telles Macy's, Gap et Nordstrom mais aussi par ses concurrents directs tel Target qui ont averti que les consommateurs avaient réduit leurs dépenses.

Plus de la moitié des revenus trimestriels de Wal-Mart provient de l'alimentation, signe que les consommateurs rechignent encore à acheter leurs aliments en ligne. Voulant capitaliser sur ce point, Wal-Mart a rénové récemment ses magasins en réorganisant les rayons et offre un peu plus de produits "bio" à des prix meilleur marché.

Le groupe a également augmenté la paie de 500.000 de ses 1,2 million de salariés américains. Si cette mesure a participé à diminuer de 7,8% à 3,1 milliards de dollars le bénéfice net trimestriel, elle a surtout permis d'améliorer la qualité du service et l'image du groupe.

Pris de vitesse et dépassée en Bourse par Amazon, Wal-Mart avait jusqu'ici eu du mal à profiter de la sortie de récession de l'économie américaine.

Le géant américain - 11.527 magasins hyper et supermarchés à travers le monde sous 68 marques - a même souvent donné l'impression de cafouillage, en raison d'initiatives multiples lancées à la va-vite et abandonnées quelque temps seulement après leur mise en place. C'est le cas de Walmart Express, un concept de magasins destinés à la clientèle pressée des grandes villes.

La performance trimestrielle suggère que le redressement est peut-être en bonne voie d'autant que le tableau macroéconomique semble s'éclaircir: les prix de l'essence à la pompe et le taux de chômage sont bas et de nombreuses entreprises américaines, sous la pression des syndicats, revalorisent les salaires ce qui est bien reçu car un grand nombre de clients de Wal-Mart sont des ménages modestes.

Au deuxième trimestre, Wal-Mart table sur un bénéfice par action ajusté, qui sert de référence aux investisseurs en Amérique du nord, de 0,98 dollar à 1,08 dollar. Le bas de la fourchette est ainsi exactement égal aux attentes des experts.

Cet optimisme tranche avec la moue des autres distributeurs, focalisés sur la nécessité de muscler leur présence en ligne pour limiter l'impact de nouveaux acteurs dont le développement grève leurs ventes et hypothèque leur avenir.

Si Wal-Mart est encore derrière Amazon, qui s'est taillé la part du lion - 60% des ventes selon le cabinet Forrest Research - dans le commerce en ligne, l'enseigne poursuit sa remontée avec une hausse de 7% de ses ventes sur ce créneau qui va représenter un chiffre d'affaires de 530 milliards de dollars d'ici 2020, selon Forrest Research.

afp/rp