Trois jours ouvrés suffisent pour que ceux que les Britanniques appellent les "fat cats" (gros chats) gagnent plus que le salaire médian, soit 28.758 livres (32.323 euros), explique le rapport sur le "Fat Cat Thursday" rédigé par l'organisation indépendante Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) et le groupe de pression High Pay Centre.

Les salaires des 100 patrons du Footsie ont pourtant baissé de 17% en 2017, à 4,5 millions de livres en moyenne, sur fond de grogne des actionnaires et du gouvernement et alors que l'opinion publique est de plus en plus mobilisée sur le sujet.

Mais même avec ces rémunérations moindres, les grands patrons gagnent 120 fois le salaire moyen, la palme revenant à Martin Sorrell, du groupe publicitaire WPP, qui a empoché l'an dernier 48,2 millions de livres (54,2 millions d'euros).

"La baisse des salaires l'an dernier est une bonne chose mais cela est resté marginal et dû pour l'essentiel à la réprobation croissante de l'opinion publique et des actionnaires et aussi à la volonté de la Première ministre de réformer la gouvernance des entreprises et d'en limiter les excès", a déclaré Peter Cheese, directeur général du CIPD.

Avec la réforme du Code de la gouvernance des entreprises décidée en 2017, les grands groupes britanniques vont désormais devoir rendre public l'écart de salaire entre le directeur général et le salaire moyen, ce dont se félicite Stefan Stern du High Pay Centre.

"La publication des ratios obligera les conseils d'administration à prendre acte de ces écarts", a-t-il dit, appelant de ses voeux une application "la plus efficace possible" de la nouvelle règle.

Luke Hildyard, responsable des politiques de gouvernance à l'Association britannique des travailleurs pensionnés (Pensions and Lifetime Savings Association), relève qu'à ce jour seulement 7% des sociétés du FTSE-100 communiquaient leurs écarts de salaire dans leurs rapports annuels.

"Les énormes écarts de salaires dans trop d'entreprises symbolisent leur manque de compréhension ou de prise en compte de la valeur de leurs salariés", estime-t-il.

(Véronique Tison pour le service français)

par Simon Jessop