New York (awp/afp) - Au plus haut depuis plus d'un an la veille à New York, les cours pétroliers ont connu un net coup d'arrêt jeudi, sur fond de prises de bénéfices, de dollar fort et de doutes sur une résorption rapide de la surabondance mondiale.

Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a perdu 1,17 dollar à 50,43 dollars sur son contrat pour novembre, dont c'était le dernier jour d'utilisation, au New York Mercantile Exchange (Nymex).

A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a reculé de 1,29 dollar à 51,38 dollars sur l'Intercontinal Exchange (ICE).

"La baisse observée depuis hier est liée à quelques prises de bénéfices", a mis en avant John Kilduff, d'Again Capital.

Les cours du pétrole américain avaient terminé mercredi à un niveau sans précédent depuis la mi-2015 après l'annonce d'un recul inattendu des stocks hebdomadaires de pétrole brut aux Etats-Unis.

"On a enregistré un mouvement vraiment marqué hier et cela semble avoir été excessif", a résumé Matt Smith, de ClipperData.

"Maintenant que les choses se calment, les gens réalisent que les chiffres d'hier étaient bien plus mitigés que ce dont ils ont d'abord eu l'air", a-t-il expliqué notant par exemple que les réserves d'essence avaient, elles, monté.

Surtout, les analystes soulignaient que la baisse des stocks de brut s'expliquait surtout par un recul persistant des importations et non de la production, d'ailleurs en rebond la semaine précédente, et ne résout donc pas la surabondance internationale.

Sur le sujet de l'offre américaine, les dernières nouvelles ne semblaient d'ailleurs guère engageantes car "la découverte par Cheseapeake Energy d'une réserve de 4,5 milliards de barils, à la frontière de la Virginie occidentale et du Kentucky, souligne que la production de pétrole de schiste risque de rebondir aux Etats-Unis", a écrit Tim Evans, de Citi.

La production américaine a largement décliné lors du premier semestre, mais les observateurs craignent désormais qu'elle rebondisse, comme le laisse penser le nombre de plus en plus élevé de puits en activité chaque semaine, selon un décompte établi le vendredi par le groupe Baker Hughes.

- Doutes sur la Russie -

A ce contexte s'est ajouté jeudi "un net renforcement du dollar, en particulier face à l'euro, (...) qui a semblé cimenter la baisse des cours", a noté M. Kilduff.

La force du dollar, qui profite de propos jugés défavorables à l'euro de la part de la Banque centrale européenne (BCE), nuit aux échanges pétroliers car ils sont libellés en monnaie américaine et en deviennent donc plus coûteux.

Enfin, "on continue à douter de la capacité de la Russie et de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à trouver un accord" de baisse de leur offre, a rapporté M. Kilduff.

Certes, l'Opep a annoncé un accord de principe entre ses membres fin septembre, ce qui a contribué à relancer le marché, mais il doit encore être mis en oeuvre lors de son sommet de novembre et les doutes règnent quant à la participation d'autres grands producteurs, en premier lieu la Russie.

Le président russe, Vladimir Poutine, a certes récemment dit soutenir l'accord, mais Igor Setchine, qui est à la tête du géant public Rosneft, a encore laissé planer le doute dans des propos rapportés jeudi.

M. Setchine "a déclaré que (la Russie) était en mesure de considérablement accroître ses volumes de production", à quatre millions de plus de barils par jour (bj), a noté M. Kilduff. "Il y a encore du chemin à faire avant un accord..."

afp/rp