New York (awp/afp) - Les cours du pétrole ont nettement baissé mercredi après l'annonce inattendue d'une hausse des réserves américaines de brut qui a donné une douche froide aux investisseurs tablant sur une stabilisation de l'offre mondiale.

Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a baissé de 1,33 dollar à 46,77 dollars sur le contrat pour livraison en octobre au New York Mercantile Exchange (Nymex).

A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, contrat européen de référence, a cédé 91 cents à 49,05 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

"Cette fois, c'est facile à comprendre !", a reconnu James Williams, de WTRG Economics. "Il y a eu cette forte hausse des réserves de brut."

Dans ces chiffres hebdomadaires sur l'offre américaine, le département de l'Energie (DoE) a fait état d'une hausse de 2,5 millions de barils la semaine précédente, alors que les analystes s'attendaient à une petite baisse.

"A ce moment de l'année, ce qui est normal, c'est que les stocks de brut déclinent puisque les raffineries entrent en saison de maintenance et qu'elles n'ont donc pas besoin de réserves à raffiner", a expliqué M. Williams.

Dans ce contexte, la hausse des réserves américaines de brut, qui ne constitue de pas une bonne nouvelle pour les marchés, semble particulièrement inquiétante aux investisseurs, d'autant qu'elle ne s'accompagne pas d'un déclin des stocks de produits raffinés.

"Les stocks d'essence n'ont pas bougé, ce qui est aussi défavorable puisque cela représente toujours une hausse de 8,5% par rapport à la même époque de l'an dernier au moment où la saison des déplacements estivaux va s'achever", a souligné dans une note Tim Evans, de Citi.

"Toutes catégories confondues, les stocks de produits pétroliers ont monté de 6,6 millions de barils à un nouveau record", a-t-il insisté. "A priori, tout cela est négatif."

Rare bonne nouvelle dans ce rapport, la production américaine, qui avait fortement rebondi la semaine précédente, a repris son déclin en reculant de près de 50.000 barils par jour (bj), laissant penser que la hausse des stocks est largement due à un bond des importations.

- Force du dollar -

Dans l'ensemble, les chiffres du DoE ont été suffisamment mal accueillis "pour dissiper +l'exubérance irrationnelle+ à propos du sommet bientôt prévu en Algérie", a enchaîné M. Williams, reprenant une célèbre expression d'Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale (Fed).

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) va se réunir fin septembre à Alger, de façon exceptionnelle, ce qui laisse espérer à beaucoup d'investisseurs des mesures de stabilisation de la production, en premier lieu un gel de l'offre.

"Il y a toujours une possibilité que l'Opep décide de plafonner son offre (...) mais cela risque de se résumer, au mieux, à un accord informel et, au pire, à un échec comparable à celui du sommet de Doha le 18 avril", a prévenu M. Evans.

Lors de ce sommet, déjà destiné à stabiliser une offre excédentaire, les membres de l'Opep et la Russie n'avaient en effet pas réussi à s'entendre, ce qui avait largement été mis sur le compte des dissensions entre l'Arabie saoudite, membre dominant du cartel, et l'Iran, son grand rival régional.

Alors que des rumeurs ont soutenu le marché en début de semaine sur un infléchissement de la position de Téhéran, des sources internes au ministère du Pétrole ont d'ailleurs assuré mercredi que le pays, qui a fait son retour sur le marché mondial cette année après la levée de sanctions, n'avait pris aucune décision sur un éventuel gel de sa production.

Enfin, dernier facteur négatif pour le marché, "les cours du pétroles ont fait face à l'influence négative d'un renforcement du dollar", a écrit Matt Smith, de ClipperData.

La force du dollar, qui s'appréciait mercredi dans un marché toujours attentiste avant le symposium de banquiers centraux à Jackson Hole, pâtit aux échanges pétroliers, car ils sont libellés en monnaie américaine et en deviennent plus coûteux.

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