Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le rally de Wall Street a laissé de côté les valeurs pétrolières. Le sous-indice S&P 500 de l'énergie chute de 8,40% depuis le 1er janvier, soit la seule baisse sectorielle avec les services de télécommunications (-7,21%). A l'opposé, l'indice élargi S&P 500 s'envole de près de 14% sur la même période, après avoir inscrit jeudi un nouveau plus haut historique en clôture.

Mais les valeurs pétrolières commencent à refaire une partie de leur handicap. Sur les quatre dernières semaines, le sous-indice S&P 500 de l'énergie a grimpé de 8,54%, soit la deuxième plus forte hausse sectorielle après la finance (+8,94%), et alors que le marché dans son ensemble a progressé de seulement 3,83%.

Parallèlement, de Morgan Stanley à Bernstein en passant par Legg Mason Clearbridge, analystes et gérants multiplient les notes positives sur l'industrie pétrolière. Au point que 57% des valeurs de l'énergie bénéficient actuellement d'une recommandation "d'achat" de la part des analystes financiers, soit la plus importante proportion de tous les secteurs d'activité, juste derrière les technologies de l'information (58%), selon le fournisseur de données financières FactSet.

Les valeurs pétrolières reviennent en odeur de sainteté auprès des investisseurs dans le sillage du rebond des cours de l'or noir. Ceux-ci demeurent très volatils mais ils ont regagné 12% au troisième trimestre et affichent un quasi doublement par rapport à leurs niveaux de début 2016, après leur chute amorcée en 2014.

Les résultats des compagnies pétrolières s'en ressentent. Ce secteur est celui qui devrait avoir enregistré la plus forte progression de ses bénéfices au troisième trimestre, avec une envolée de 109,4% selon le consensus d'estimations élaboré par FactSet. A titre de comparaison, l'ensemble des sociétés composant le S&P 500 devraient en moyenne avoir clos la période de juillet à septembre sur une augmentation de 4,2% de leurs profits.

Une plus grande attention à la rémunération des actionnaires

L'amélioration de la situation financière des groupes pétroliers ne concerne pas seulement leurs comptes de résultats. "Leurs bilans sont en bien meilleur état aujourd'hui qu'il y a dix-huit mois", souligne Evan Bauman, gérant de portefeuilles chez Legg Mason ClearBridge. Notamment parce que, sous la pression des investisseurs, les sociétés pétrolières américaines ont commencé à lever le pied sur la stratégie de croissance tous azimuts qui fut la leur ces dernières années, au détriment de la rémunération de leurs actionnaires. Anadarko (>> Anadarko Petroleum) a par exemple récemment mis en place un programme de rachat de ses propres actions pour un montant de 2 milliards de dollars, ce "qui pourrait être interprété comme une amorce de changement de stratégie", estime le courtier Bernstein.

Cet assainissement des bilans des compagnies pétrolières pourrait augurer d'opérations de croissance externe, soit pour pénétrer de nouvelles géographies, soit pour accéder à de nouvelles technologies. "Le potentiel de consolidation du secteur est important", souligne Legg Mason ClearBridge. Ainsi, Evan Bauman n'exclut pas l'éventuelle acquisition d'actifs d'Anadarko par Exxon Mobil (>> Exxon Mobil Corporation).

L'attrait spéculatif des valeurs pétrolières est d'autant plus grand que le sous-indice S&P 500 de l'énergie se paie 1,92 fois l'actif net en moyenne, contre un multiple de 2,99 pour l'indice élargi S&P 500. "Les valeurs de l'énergie n'ont jamais été aussi attrayantes par rapport au reste du marché, sur la base du price to book (cours de bourse sur actif net)", juge Morgan Stanley. Les conditions semblent donc réunies pour que le secteur de l'or noir reprenne du galon à la Bourse de New York.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones; 33 (0)1 41 27 48 14; clejoux@agefi.fr ed : ECH

Valeurs citées dans l'article : Anadarko Petroleum, Exxon Mobil Corporation