Vienne (awp/afp) - Les pays producteurs de pétrole comptaient bien parvenir samedi à Vienne à un nouvel accord de réduction de la production, associant au pacte de limitation récemment conclu entre les membres de l'Opep des pays extérieurs à l'organisation pour consolider la remontée des prix.

La rencontre a débuté en milieu de matinée au siège de l'Opep, à Vienne, dans un climat d'optimisme entretenu par les déclarations des participants, soit treize membres du cartel auxquels se sont joints une douzaine de participants extérieurs, dont la Russie, premier producteur hors Opep.

Après avoir inondé le marché d'or noir et provoqué une dégringolade spectaculaire des prix depuis 2014, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont parvenus le 30 novembre à s'entendre sur une baisse de leur production de 1,2 million de barils par jour.

Le cartel demande aux producteurs non membres de l'organisation de limiter également leur production de 600.000 barils par jour au total, un effort auquel la Russie a déjà consenti à hauteur de 300.000 barils.

Le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, s'est montré très positif avant la rencontre, estimant qu'un accord avec les producteurs non Opep portant une réduction de 600.000 barils, "et même plus", allait être atteint.

Il a qualifié la rencontre de samedi, entre membres du cartel et non membres, d'"historique" estimant que le "climat politique avait changé".

Le russe Alexander Novak, en ouvrant cette rencontre qu'il co-préside, s'est dit "certain qu'aujourd'hui (les participants, ndlr) allaient surmonter les difficultés" en vue d'un accord, qualifiant la réunion "d'opportunité unique".

Le ministre qatari de l'Energie, Mohamed Saleh Al-Sada, dont le pays occupe la présidence tournante de l'Opep, a parlé d'une "réunion vitale pour tous les pays producteurs, l'industrie et l'économie mondiale"

Enthousiastes dans un premier temps, les marchés attendent de nouveaux signaux des producteurs crédibilisant leur engagement et détaillant la mise en oeuvre de cette baisse de l'offre. Après avoir oscillé au fil de la semaine, les cours ont terminé vendredi à 54,16 dollars à Londres, en très léger retrait par rapport à la clôture de vendredi dernier.

- Baisse naturelle ou volontaire ? -

Le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, Oman et Mexico font partie des producteurs de pétrole non membres de l'Opep présents samedi à Vienne. Parmi les invités figuraient encore la Bolivie, Brunei, la Colombie, le Congo, l'Egypte, à Trinidad et Tobago, au Turkménistan et à l'Ouzbékistan.

"L'optimisme qui a entouré l'annonce de l'accord (du 30 novembre, ndlr) s'est légèrement érodé, car l'Opep a dit à la presse que les pays qui ne sont pas membres du cartel (...) pourraient utiliser la baisse naturelle de leurs extractions pour atteindre cet objectif", a souligné vendredi Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Comme ces baisses naturelles des extractions, liées à l'épuisement des ressources, sont déjà intégrées dans les modèles de prévision, "nous ne nous attendons pas à ce que cette rencontre joue un rôle significatif dans le rééquilibrage du marché", ont observé les analystes de DNB Markets.

Les discussions de Vienne sont aussi l'occasion pour la Russie de rassurer les sceptiques sur son engagement à appliquer l'accord.

Les autorités russes ont indiqué mercredi avoir le "soutien" des compagnies pétrolières privées pour baisser la production de concert avec l'Opep, mais sans apporter de précisions sur les modalités pratiques d'une telle mesure.

Moscou, dont les finances ont été plombées par la chute des cours, a à priori tout intérêt à un rebond durable des cours, qui donnerait à Vladimir Poutine des marges de manoeuvre budgétaires non négligeables à un peu plus d'un an de la présidentielle.

Les gros producteurs de l'Opep, l'Arabie Saoudite en tête, que la chute des cours avait fini par plomber financièrement, s'étaient de leur côté résolus à changer de stratégie après avoir longtemps soutenu cette politique de prix bas dans l'espoir d'évincer leurs concurrents, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains

afp/rp