Paris (awp/afp) - L'Opep a surpris le monde entier en annonçant un accord sur la réduction de la production d'or noir, poussant les marchés à la hausse, mais de nombreuses inconnues demeurent.

La nouvelle mercredi soir de l'accord d'Alger a provoqué un rebond immédiat des cours, les rapprochant des 50 dollars lors des échanges asiatiques, mais jeudi matin le baril repartait légèrement à la baisse.

Vers 10H10 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 48,34 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 35 cents par rapport à la clôture de mercredi à New York. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 19 cents à 46,86 dollars.

En revanche, à la Bourse, les valeurs pétrolières étaient nettement à la hausse comme le français Total qui gagnait plus de 4%, tout comme le britannique BP, tandis que Royal Dutch Shell progressait de plus de 5% et l'espagnol Repsol d'un peu plus de 3%.

Les indices boursiers étaient globalement en hausse, mais pas non plus de manière spectaculaire.

Les Bourses des pays du Golfe, très exposés au pétrole, gagnaient par exemple moins de 1%, tandis que la Bourse de Moscou progressait de plus de 2% pour l'indice libellé en dollars, et de plus de 1% pour l'indice en roubles.

Les devises liées au pétrole se sont initialement renforcées avant de céder de nouveau du terrain, comme le rouble ou la couronne norvégienne.

Après six heures de réunion et des semaines de tractations, l'Opep a décidé de ramener sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août, selon le chiffre de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

Il s'agit de la plus importante limitation depuis celle décidée durant la crise de 2008, quand le baril était passé de près de 150 dollars à près de 40.

L'accord a été trouvé lorsque Ryad, rival régional de l'Iran et membre dominant de l'Opep, a accepté que toute limitation soit épargnée à Téhéran qui cherche à retrouver ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire.

Une précédente tentative du cartel pour stabiliser le marché avait tourné court en avril, Téhéran ayant refusé de participer aux efforts de réduction.

"C'est clairement l'Arabie saoudite qui a baissé le regard la première, permettant à l'Iran, son principal rival, d'augmenter sa production", a déclaré à l'AFP Jeffrey Halley, analyste chez OANDA.

"Nous ne devons pas sous-estimer ce changement majeur de la part de l'Arabie. Ces deux là ne sont d'accord sur rien, c'est une concession majeure de l'Arabie destinée à +lubrifier+ le processus", remarque cet analyste.

L'Arabie saoudite, sunnite, et l'Iran, chiite, sont les poids lourds du Moyen-Orient et s'opposent sur toute une série de sujets, comme les conflits au Yémen et en Syrie.

- Encore de nombreuses inconnues -

Il reste toutefois de nombreuses inconnues aux yeux des analystes, notamment sur les modalités d'application.

"Il est réellement difficile de crier victoire après la décision (que certains qualifient déjà d'historique) de l'Opep d'hier soir", estimaient jeudi matin les analystes de Mirabaud Securities.

Les décisions concrètes sur les objectifs de production de chacun de ses membres doivent encore être déterminées lors du sommet semestriel de l'Opep, qui produit environ 40% du brut mondial, le 30 novembre à Vienne.

Une autre inconnue est ce que fera la Russie, un des principaux exportateurs mondiaux de brut, qui ne fait pas partie de l'Opep, mais qui a déjà dit qu'elle était pour un gel de la production au niveau atteint en septembre de cette année et estime qu'un prix "juste" du baril devrait se situer entre 50 et 60 dollars.

Selon les analystes, c'est la chute des revenus du pétrole qui a motivé le cartel même si certains relèvent que celui-ci n'a pas toujours respecté les quotas dans le passé.

"De nombreux membres de l'Opep souffrent économiquement des prix bas. Leurs économies stagnent ou régressent et ils font face à des problèmes budgétaires", a souligné Greg McKenna, analyste chez AxiTrader.

afp/rp