Djeddah (awp/afp) - Le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh a estimé vendredi que le marché avait la capacité de supporter des prix du brut plus élevés, s'attirant une critique immédiate du président américain Donald Trump qui a accusé l'Opep de gonfler les prix.

M. Faleh s'exprimait à l'occasion d'une réunion ministérielle des pays Opep-non Opep à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, alors que les prix de l'or noir ont atteint cette semaine leur plus haut niveau en plus de trois ans.

"Je n'ai constaté aucun impact sur la demande avec les prix actuels. Dans le passé, nous avons connu des prix beaucoup plus élevés -deux fois plus qu'aujourd'hui", a dit M. Faleh dont le pays est le premier exportateur de pétrole dans le monde.

Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et des pays pétroliers non membres du cartel sont réunis à Jeddah pour discuter de l'accord limitant la production signé en 2016 pour soutenir les prix.

"L'intensité énergétique (de l'économie) a comme vous le savez baissé de façon importante", "ce qui me fait dire que (le marché) a la capacité d'absorber des prix plus élevés", a ajouté le ministre saoudien devant les journalistes.

M. Faleh a insisté sur le fait que l'Opep dont fait partie l'Arabie saoudite, n'avait pas d'objectif de cours pour le pétrole, mettant toutefois en garde contre le risque de fluctuations des prix.

"La volatilité est notre ennemi", a-t-il souligné.

"INACCEPTABLE"

Les 14 membres de l'Opep et dix autres producteurs de pétrole, Russie en tête, ont conclu en 2016 un accord pour baisser le niveau de production de 1,8 million de barils par jour afin de réduire l'excédent d'offre de brut sur le marché et de soutenir les prix.

L'accord de limitation, qui court jusqu'à fin 2018, a permis de réduire l'abondance de l'offre et de pousser les prix vers le haut, le baril atteignant les 70 dollars actuellement contre 30 dollars en janvier 2016.

A Jeddah, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Souhail al-Mazrouei a lui aussi affirmé que sa principale préoccupation était la stabilité. "Nous n'avons pas d'objectif de cours, notre objectif est la stabilité du marché".

La reprise des prix a été également alimentée par les tensions géopolitiques, la menace de Donald Trump d'imposer de nouvelles sanctions à l'Iran et des problèmes de production au Venezuela, au Nigéria et en Libye.

M. Trump a promptement réagi à la déclaration saoudienne, entraînant une baisse des prix du pétrole dans les minutes qui ont suivi.

"On dirait que l'Opep recommence. Avec des quantités record de pétrole partout, y compris des bateaux pleins à ras bord en mer", a-t-il tweeté. "Les prix du pétrole sont artificiellement très élevés! Ce n'est pas bon et c'est inacceptable!"

SOUTIEN RUSSE

L'accord Opep-non Opep pourrait être perturbé par les Etats-Unis, un des trois premiers producteurs mondiaux dont les extractions abondantes compensent la baisse de production de l'Arabie saoudite et de la Russie.

La Russie, l'un des trois plus importants producteurs de pétrole dans le monde, a apporté son soutien vendredi à l'idée d'établir une alliance sur la durée entre les producteurs pour stabiliser le marché.

"Nous avons créé une base solide pour la coopération future entre les pays Opep et non Opep", a souligné le ministre de l'Energie russe Alexander Novak à Jeddah.

Vendredi, les cours du pétrole reculaient en cours d'échanges européens. Vers 14H30 GMT (16H30 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 73,21 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 57 cents par rapport à la clôture de jeudi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de mai, dont c'est le dernier jour de cotation, cédait 43 cents à 67,86 dollars une heure et demi après son ouverture.

Les cours avaient atteint jeudi 74,75 dollars pour le Brent et 69,56 dollars pour le WTI, à leur plus haut niveau depuis novembre 2014.

"L'Arabie saoudite est obnubilée par des prix du pétrole élevés", a commenté Stephen Brennock, analyste chez PVM, qui souligne que le royaume aurait besoin d'un prix du brut supérieur à 100 dollars pour atteindre son objectif de 2.000 milliards de dollars pour l'introduction en Bourse de son géant pétrolier, Saudi Aramco.

afp/fr