(Actualisation avec conférence téléphonique, précisions sur les synergies et objectifs pour 2017 et sur le programme de cessions)

- Arkema propose une valeur d'entreprise de 1,74 milliard d'euros

- Il s'agit de la plus grosse acquisition jamais réalisée par le groupe

- Le rachat devrait être relutif dès la deuxième année sur le bénéfice net par action

- Arkema veut faire progresser l'Ebitda de Bostik de 30% d'ici 2017

- Le chimiste relève ses propres prévisions d'Ebitda pour 2017

- L'opération sera financée en partie par une augmentation de capital d'environ 350 mlns d'euros

- L'objectif de cessions d'actifs est porté à 700 millions d'euros sur les 3 prochaines années

Le groupe de chimie Arkema (>> ARKEMA) a annoncé vendredi avoir lancé une offre de rachat sur la société Bostik, filiale de Total (>> TOTAL), une opération qui constitue la plus grosse acquisition de son histoire et qui doit lui permettre d'accélérer son recentrage sur la chimie de spécialités.

L'offre d'Arkema est réalisée sur la base d'une valeur d'entreprise de 1,74 milliard d'euros, a indiqué le chimiste dans un communiqué. Spécialisé dans les adhésifs, Bostik devrait réaliser en 2014 un chiffre d'affaires de 1,53 milliard d'euros, dont 30% des les pays émergents, et dégager un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 158 millions d'euros.

Arkema, qui ne dévoile pas de synergies chiffrées sur l'opération, estime être en mesure de faire progresser l'Ebitda de Bostik de 30% d'ici à 2017. La marge d'Ebitda, actuellement de 10,3%, devrait atteindre de 14% à 15%.

Grâce à la contribution de Bostik, dont le rachat devrait être relutif dès la deuxième année sur le bénéfice net par action, Arkema espère atteindre un Ebitda de 1,31 milliard d'euros en 2017, contre un précédent objectif de 1,28 milliard d'euros.

Au début août, Arkema avait dû repousser d'un an ses objectifs 2016, en raison de difficultés persistantes dans les gaz fluorés, les acryliques et les polyamides, ce qui avait alors fortement pénalisé son titre en Bourse.

Des activités moins cycliques

Pour le chimiste, l'acquisition de Bostik va permettre de se positionner sur des activités moins cycliques et peu capitalistiques. Le nouvel ensemble devrait afficher un chiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros, peu éloigné de l'objectif de 8 milliards d'euros fixé pour 2017. Le pôle Matériaux Haute Performance représentera 42% du chiffre d'affaires total, contre 30% actuellement. Arkema veut porter la contribution de ce pôle à 45% des revenus en 2017 et à 50% en 2020.

Coté en 2006 après sa scission avec Total, Arkema affichait depuis longtemps ses ambitions dans la chimie de spécialitées. "Le périmètre du groupe, tel qu'il l'est avec Bostik, est équilibré et correspond à ce qu'on souhaitait", a indiqué le PDG d'Arkema, Thierry Le Hénaff lors d'une conférence téléphonique. Le groupe exclut ainsi d'autres importantes acquisitions d'ici à 2017.

Arkema compte financer le rachat de Bostik par un prêt relai, déjà sécurisé, de 1,5 milliard d'euros, qui sera refinancé notamment par une augmentation de capital d'environ 350 millions d'euros. Le groupe compte aussi émettre des titres hybrides - dont 50% d'actions - à hauteur de 600 millions à 700 millions d'euros et de la dette à hauteur de 500 millions à 600 millions d'euros. Le groupe espère ainsi conserver ses notations de crédit et revenir en 2017 à un taux d'endettement proche de 40% des fonds propres, contre 39% en 2013.

700 millions d'euros de cessions envisagées d'ici 2017

Le projet d'acquisition de Bostik, qui ne prévoit pas de suppressions d'emplois, s'accompagne par ailleurs d'un renforcement du programme de cessions d'activités non stratégiques d'Arkema pour environ 500 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire. L'objectif de cessions d'actifs, qui était jusqu'ici de 200 millions d'euros à l'horizon 2017, est ainsi porté à 700 millions d'euros, a précisé Thierry Le Hénaff. Les cessions porteront sur des petites activités, comprises entre 20 millions et 100 millions de chiffre d'affaires, a-t-il ajouté.

Le dirigeant s'attend à pouvoir finaliser l'opération dans un délai "relativement court" de quelques mois. Dans un communiqué séparé, Total a indiqué avoir accordé une période d'exclusivité à Arkema pour mener à bien son offre.

A la Bourse de Paris, le titre Arkema reculait vendredi de 1,3% à 57,12 euros. L'action Total grapillait 0,09% à 50,04 euros.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com

Valeurs citées dans l'article : ARKEMA, TOTAL