Zurich (awp) - Le groupe Richemont a l'intention de racheter les 50% des parts du distributeur de vêtements de luxe Yoox Net-à-porter qu'il ne détient pas encore. L'annonce de l'opération n'a pas suscité d'opposition de la direction de la coentreprise italienne. La transaction, dont le montant est estimé à 2,6 mrd EUR, devrait doper les ventes du groupe, mais contribuer de manière négligeable aux résultats, selon les analystes.

Selon les termes de l'offre, les actionnaires de Yoox Net-à-Porter se verront offrir 38 EUR par action, précise la compagnie financière genevoise lundi dans un communiqué. A la Bourse de Milan, où il est coté, le titre a gagné 24,3% à 37,60 EUR. Vendredi, il avait bouclé la séance à 29,44 EUR.

La direction de Yoox a dispensé Richemont d'une clause empêchant le rachat d'une participation supplémentaire sous certaines conditions. Le groupe genevois a par ailleurs indiqué avoir reçu du directeur général (CEO) de la coentreprise, Federico Marchetti, l'assurance "irrévocable" que ce dernier servirait l'ensemble des titres en sa possession.

"Avec cette nouvelle étape, nous entendons renforcer la présence de Richemont et nous concentrer sur la distribution en ligne, dont l'importance devient cruciale pour répondre aux besoins des consommateurs de produits de luxe", a déclaré le président du distributeur de marques de luxe, Johann Rupert, cité dans le communiqué.

En cas de succès, Yoox Net-à-porter serait intégré au groupe genevois mais continuerait d'opérer en tant qu'unité autonome. "Nous sommes très satisfaits des résultats atteints par la direction (du groupe) sous la direction de Federico Marchetti et nous entendons continuer de la soutenir à l'avenir afin de mettre à exécution sa stratégie et d'accélérer la croissance des activités", a ajouté M. Rupert.

La semaine dernière, la société transalpine avait fait état d'un chiffre d'affaires de 2,1 mrd EUR, en hausse de 11,8% sur un an. La croissance organique avait bondi de 16,9%, selon des chiffres préliminaires.

Yoox Net-à-Porter est le fruit de la fusion, finalisée en octobre 2015, de la filiale de Richemont Net-à-Porter et du détaillant en ligne Yoox. Annoncée fin mars de la même année, la transaction avait été effectuée moyennant un échange d'actions.

TRANSACTION AUTOFINANCÉE

L'opération devrait permettre à la compagnie financière genevoise d'étoffer son chiffre d'affaires de 19%, mais n'aurait un effet positif que de 4% sur le résultat avant intérêts et impôts (Ebit), souligne la banque Vontobel, qui voit la transaction d'un bon oeil étant donné les énormes réserves de liquidités - 5,1 mrd EUR - du groupe.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) signale pour sa part que la transaction risque de diluer quelque peu la marge Ebit, mais qu'elle ne devrait pas affecter le bénéfice par action.

Pour Kepler Cheuvreux, la transaction est sensée d'un point de vue stratégique pour Richemont, qui a cherché en vain des partenaires pour Yoox dans le secteur du luxe. Le courtier hexagonal s'attend à voir la distribution en ligne devenir le facteur clé pour l'évolution de la branche à l'avenir.

Reste que pour les investisseurs à court terme, la décision de Richemont risque d'être amère, dans la mesure où cette nouvelle acquisition, qui vient s'ajouter à la récente participation 7,5% au capital de Dufry, porte les dépenses M&A à plus de 3 mrd EUR et plombe encore un peu plus le retour sur capital investi (ROIC).

Les trois établissements confirment leur recommandation d'achat du titre.

L'annonce du rachat intégral de Yoox n'a pas été particulièrement bien accueilli par le marché. L'action Richemont a fini en recul de 1,55% à 88,70 CHF, dans un SMI en hausse de 0,20%.

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