PARIS (Agefi-Dow Jones)--Safran veut acquérir Zodiac et constituer un géant mondial de l'équipement aéronautique. Mais est-ce l'intérêt de ses actionnaires ?

Zodiac ne tiendra pas son objectif de résultat opérationnel pour l'exercice 2016-2017. Au lieu d'une hausse de 10 à 20%, il a évoqué hier une baisse de 10%.

D'où une chute de 16% du cours de Zodiac, revenu à son niveau d'avant l'annonce de l'opération en janvier. Safran entend dès lors en renégocier le prix mais se dit toujours attaché à son principe.

Tel n'est pas l'avis du fonds britannique TCI qui, malgré le dividende exceptionnel qu'elle inclut, juge l'opération ruineuse pour les actionnaires de Safran dont il détient 4%.

Celle-ci passe par une OPA sur Zodiac, qui impose qu'au moins 50% des titres soient apportés sachant que ses grands actionnaires conserveront les leurs pour des raisons fiscales familiales ; puis par une fusion entre Safran et Zodiac, qui exige un vote aux deux tiers en AG de Safran.

Pour TCI, un succès de l'OPA consacrerait une perte de valeur pour Safran, ce qui priverait le vote sur la fusion de toute portée.

Ne pouvant obtenir un vote préalable à l'opération, ce que la loi n'exige pas, il fait pression pour que l'AMF lui refuse son agrément, et appelle à limoger en AG le président de Safran, Ross McInnes.

Mais sa seule chance reste de fédérer assez d'actionnaires pour bloquer la fusion en AG.

Pour Safran, le problème est que Zodiac, qui en est à sa dixième révision en baisse de ses prévisions de résultats en trois ans, est tout sauf fiable.

Dès lors, que valent les promesses de synergies annoncées et la position éminente laissée après fusion aux grands actionnaires de Zodiac, qui ont maintenu si longtemps un aussi piètre management ?

-Philippe Mudry, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: LBO

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