"Présentez-nous votre société et son activité en quelques mots
VOLTALIA produit de l’énergie renouvelable à partir de centrales électriques que l’entreprise développe, construit, détient et exploite. Nous intervenons également comme prestataire de services pour des clients externes qui détiennent leurs propres centrales. Nous sommes actifs dans l’énergie solaire, l’éolien, l’hydroélectricité, la biomasse et le stockage.
Créé en 2005, VOLTALIA est coté sur Euronext depuis 2014, avec pour actionnaire
majoritaire la famille Mulliez à travers Creadev.

Sur quel modèle économique repose votre croissance ?
Nous avons toujours fait le choix de développer nos projets de centrales en privilégiant les marchés où les énergies renouvelables ne dépendent pas des subventions. Nous construisons nos centrales en fonction du climat et du bon sens, en privilégiant l’éolien là où soufflent les alizés et plaçant des panneaux solaires dans le Sahara plutôt qu’en Alaska !
Notre positionnement, unique parmi les acteurs européens, nous permet de proposer une électricité compétitive : à ce jour, 82% de notre capacité installée produit une électricité renouvelable moins chère que les autres énergies (charbon, gaz et nucléaire) proposées sur le marché.

Dans quels pays êtes-vous présents ?
Nous sommes implantés dans 18 pays, sur 3 continents : en Europe (France, Portugal, Espagne, Italie, Grèce, Royaume-Uni…), en Afrique (Maroc, Egypte, Kenya, Malawi, Afrique du Sud…) et en Amérique latine, plus particulièrement au Brésil qui est notre premier pays par sa taille, mais aussi en Colombie et au Mexique.

Comment se portent vos marchés ? Quelles sont leurs perspectives ?

En très forte croissance depuis 20 ans, le secteur des énergies renouvelables est devenu incontournable. On ne parle plus de l’énergie de demain mais d’aujourd’hui. Si l’on prend toutes les centrales électriques qui se sont raccordées à un réseau l’an passé, 80% sont renouvelables.
Plusieurs facteurs ont porté cette croissance. D’un côté, les états ont mené des politiques favorisant les énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais, désormais, c’est surtout la compétitivité qui fait croître l’énergie renouvelable. Quand il s’agit de construire une nouvelle centrale, on choisit l’énergie la moins chère et elle est généralement solaire ou éolienne, ou parfois hydraulique ou biomasse, en fonction du type de climat du réseau électrique concerné.

En Europe, où la consommation d’énergie est stable, nos centrales viennent remplacer les centrales classiques en fin de vie. Dans les pays émergents, en revanche, la consommation d’énergie augmente et il faut aussi augmenter la taille du parc existant. Le taux de croissance des énergies renouvelables est ainsi deux fois plus fort en Amérique latine qu’en Europe et deux fois plus fort en Afrique qu’en Amérique latine.

Sur ces marchés concurrentiels, quelles sont vos forces pour faire la différence ?
Le point essentiel est que VOLTALIA est une véritable entreprise et pas une holding financière. Les femmes et les hommes de VOLTALIA développent des projets à partir de zéro, en réservant les terrains, en faisant les études techniques et en assurant le raccordement au réseau électrique. Développer des projets de nouvelles centrales nous permet d’avoir un effet réel sur le climat tout en disposant des centrales les plus compétitives. La plupart des autres acteurs sur ce marché, souvent des fonds d’infrastructures ou des utilities, achètent leurs centrales auprès d’entreprises comme VOLTALIA et sont donc plus touchés par la concurrence qu’ils se font entre eux.

Comment ont évolué vos résultats depuis votre introduction en Bourse en 2014 ?
Nous avons enregistré des revenus de 181 millions d’euros en 2018, avec une croissance annuelle moyenne de 58 % par an depuis 2013. Notre EBITDA(*) a progressé de 70 % par an sur la même période pour atteindre 76 millions d’euros en 2018.
En résumé, en 6 ans, nous avons multiplié par 10 nos revenus et par 14 notre EBITDA.

Où en êtes-vous sur votre feuille de route 2020 ?
Nous nous sommes fixé l’objectif d’atteindre une capacité installée de 1 gigawatt à fin 2020.
Nous avons désormais sécurisé 100% de cet objectif avec 534 mégawatts en exploitation et 472 mégawatts en construction. Nous aurons donc deux fois plus de capacité de production
en 2020 qu’aujourd’hui.
Dans ce contexte, nous avons revu notre objectif d’EBITDA (*) 2020 qui sera compris entre 160 et 180 millions d’euros, soit la moitié haute de la fourchette communiquée au marché.
Historiquement, notre principale énergie était produite par l’éolien, car il était très rare jusqu’à récemment de pouvoir produire une énergie solaire non subventionnée. Mais le coût de production de l’énergie solaire baisse plus vite que celui de l’éolien. La part du solaire va donc naturellement augmenter dans notre mix. Elle représente aujourd’hui 9% de notre capacité installée et en 2020, elle sera proche de 20%. En 2023 elle dépassera les 30%.
L’éolien continuera aussi de croître mais sa part diminuera. Parmi trois autres énergies, qui sont des marchés de niche, ce sera sans doute le stockage qui aura la plus forte progression, mais cette technologie nécessite pour le moment d’être subventionnée presque partout dans le monde.

Quels sont vos objectifs chiffrés à moyen terme ?
Nous venons de nous fixer des nouveaux objectifs : atteindre 2,6 gigawatts à horizon 2023 avec un EBITDA cible entre 275 et 300 millions d’euros en 2023. Nous poursuivons sur notre lancée…

Vous visez une augmentation de capital de 376 millions d’euros. Comment comptez-vous utiliser les fonds levés ?
L’essentiel de la levée de fonds servira à financer notre croissance organique en investissant dans de nouvelles capacités de production. Mais nous nous donnons aussi la possibilité de faire des acquisitions. Le marché se consolide, des opportunités peuvent donc se présenter.

Avez-vous déjà identifié des cibles à acquérir ?

Cela pourrait éventuellement se faire à l’étranger pour accélérer notre développement dans tel ou tel pays, mais notre ADN historique est la croissance organique : depuis la naissance de VOLTALIA il y a 14 ans, nous n’avons fait qu’une seule acquisition.
Avant l’augmentation de capital, nous sommes par ailleurs entrés en négociation exclusive avec Helexia pour une acquisition par échange de titres qui devrait se finaliser avant la fin de l’été. Cette société française, qui est aussi active en Italie, au Portugal et en Belgique, est spécialisée sur une activité parfaitement complémentaire à celle de VOLTALIA : la
production d’électricité à partir de panneaux solaires positionnés sur les toitures de grandes entreprises (usines, hypermarchés, centres logistiques…). Au moment où nous avons accéléré dans les « Corporate PPA », où VOLTALIA fournit directement des grandes entreprises (SNCF, Boulanger…) via des contrats à long-terme, cette acquisition nous permettrait de proposer aux entreprises une solution globale, incluant un contrat long terme de vente d’électricité renouvelable, des toitures solaires en autoconsommation et la maîtrise de la consommation d’énergie.

Vous optez pour une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription plutôt que de recourir à la dette, malgré des taux très bas. Quelles
raisons ont motivé votre choix ?

Ce choix relève d’une réflexion stratégique sur notre financement. Nous continuerons de faire appel aux financements de projets mais nous souhaitons conserver une politique d’effet de levier prudente. L’augmentation de capital est donc naturelle pour financer notre croissance.
Le droit préférentiel de souscription (DPS) est maintenu pour donner la priorité à nos actionnaires existants qui souhaitent continuer à nous accompagner. Creadev, notre actionnaire majoritaire, utilise d’ailleurs l’essentiel de ses droits : il s’est engagé à investir 250 millions d’euros, soit les deux tiers de l’augmentation de capital. Proparco, filiale de l’Agence française de développement (AFD), soutient également l’opération avec une souscription de 10 millions d’euros. De plus, nous accueillons un nouvel investisseur prestigieux, la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), qui
s’est engagée sur un montant de près de 25 millions d’euros.

Vous avez signé à cette occasion un accord avec la BERD, quels en sont les enjeux ?
La BERD va nous permettre d’accélérer dans des pays où elle et nous sommes actifs : certains pays d’Europe du Sud et de l’Est, en Afrique du Nord et peut-être dans certains pays du Proche-Orient. Les enjeux sont finalement les mêmes que ceux du partenariat noué en 2016 avec Proparco, qui nous a permis de nous développer plus vite en Afrique.

(*) EBITDA : bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements
"