* Un avant-projet érigé en antithèse du programme du PS

* Un cadre à compléter d'ici fin 2011

* Il propose notamment une refonte de l'éducation

par Emmanuel Jarry

MARSEILLE, 3 septembre (Reuters) - Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a proposé samedi à l'UMP d'engager la France sur la voie d'un nouveau modèle de croissance et d'une réforme du financement de sa protection sociale.

Mais le délégué au projet de l'UMP pour l'élection présidentielle de 2012 n'a exposé pour l'essentiel à des jeunes militants rassemblés à Marseille qu'un cadre général, qui devra être décliné en propositions concrètes d'ici début décembre.

A huit mois du scrutin, il n'en a pas moins présenté cet avant-projet, censé inspirer le programme du candidat UMP, comme l'antithèse des propositions socialistes.

Le "projet à 45 milliards d'euros" du Parti socialiste, qui "double la charge des intérêts de la dette" du pays, "c'est la chute de la maison France en trois mois", a-t-il lancé.

"Nous vous proposons un projet qui ne coûtera pas un centime d'euro supplémentaire à la France (...) Nous assumons le choix de la responsabilité et de la crédibilité de la France."

L'avant-projet placé par Bruno Le Maire sous le double signe de la justice et de la rigueur s'efforce de satisfaire toutes les sensibilités de l'UMP, des centristes sociaux aux libéraux, en passant par les ultras de la "droite populaire".

"Nous voulons inventer un nouveau modèle de croissance en France et en Europe", a dit le ministre de l'Agriculture.

L'avant-projet de l'UMP propose de faire en sorte que la France "reste une terre de production", notamment en donnant aux PME les moyens de "grandir et exporter", mais également en modifiant le financement de la protection sociale.

Bruno Le Maire a dit à ce sujet laisser toutes les options ouvertes mais réitéré sa conviction qu'une partie du financement de la protection sociale devrait être transférée sur d'autres ressources, afin qu'il "pèse moins sur le travail".

REFONTE DU SYSTEME ÉDUCATIF

Parmi les rares mesures concrètes annoncées, il promet de créer un million de places de formation en alternance.

Autre axe majeur : il propose de "refonder" le système éducatif - remise en cause du collège unique, octroi d'"une vraie autonomie aux chefs d'établissement", enseignants "plus disponibles" en échange d'une meilleure rémunération.

A l'adresse de la frange la plus pro-européenne de l'UMP, il plaide pour une intégration accrue de la zone euro à 17.

"Pourquoi ne pas réfléchir, par exemple, à un marché du travail unique franco-allemand ?", a dit Bruno Le Maire.

A l'adresse de l'aile droite du parti, il propose une application "plus stricte" des règles d'immigration et de la lutte contre les fraudes - "On ne vient pas en France comme dans un supermarché où tout serait de droit et gratuit, hébergement et Sécurité sociale compris", a-t-il fait valoir.

L'avant-projet de l'UMP propose aussi une application plus stricte des peines d'emprisonnement, la construction de places de prison supplémentaires et plus de moyens pour la justice.

Sur le versant social, il propose de mieux associer les salariés aux résultats des entreprises et d'améliorer les conditions de logement en rendant plus accessible le foncier public, là où la pression est trop forte.

PRUDENCE

En matière de finances publiques, il maintient le choix d'une réduction de la dépense et plaide pour une redéfinition des missions de l'Etat.

Bruno Le Maire s'est cependant montré plus prudent que dans une récente interview à L'Express. Il s'est ainsi abstenu de poser la question du niveau des indemnités chômage des cadres supérieurs ou d'une fiscalisation des allocations familiales.

"Notre indemnisation du chômage - je ne fais que poser la question - favorise-t-elle suffisamment le retour à l'emploi ?" s'est-il borné à déclarer.

De même s'est-il demandé si la France pouvait faire l'économie d'une fusion progressive du Revenu de solidarité active avec la prime pour l'emploi ou octroyer une allocation dès le premier enfant sans dégager des ressources nouvelles.

"Ces questions (...) nous devrons y répondre ensemble", a-t-il dit en assurant qu'il n'avait pas exposé un "projet clef en main" mais un "socle" ouvert à la discussion.

Plus tard, devant des journalistes, il s'est dit en faveur d'une modulation des allocations familiales en fonction des ressources. Mais il a assuré que sur cette question comme sur celle des indemnités chômage il ne s'entêterait pas si ses propositions ne faisaient pas consensus au sein de l'UMP. "L'objectif est bien de rassembler", a-t-il dit.

Son avant-projet laisse sceptiques des responsables de l'UMP. L'un d'eux l'a comparé en privé à une "étude qualitative" destinée à tester les réactions à un "plan marketing".

Jean-François Copé a pour sa part pris par avance la défense de Bruno Le Maire. "Emettre des idées, c'est susciter le débat", a-t-il dit. "Il ne faut pas clouer au pilori celui qui crée." (édité par Jean-Baptiste Vey)