* Hollande visite "l'Europe élargie"

* Il envoie des émissaires dans le monde entier

* Son équipe minimise les différends avec l'Allemagne (Actualisé avec rencontre avec le président polonais)

par Elizabeth Pineau

PARIS, 8 mars (Reuters) - François Hollande se rend vendredi en Pologne, pays d'Europe de l'Est entré dans l'Union en 2004, pour ce qui pourrait être son dernier déplacement à l'étranger avant l'élection présidentielle et l'aboutissement d'une tournée diplomatique limitée.

Ce voyage ouvrira une séquence internationale du prétendant socialiste à l'Elysée, qui se poursuivra dimanche par un discours sur la Défense et, le samedi suivant, par une intervention devant les socialistes européens. Une discours de politique internationale est annoncé ultérieurement.

Après Madrid, Bruxelles, Berlin, Rome et Londres, ce voyage d'une journée à Varsovie est un signe aux acteurs les plus récents de la construction européenne, soulignait mercredi le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici.

Le candidat "veut aussi saluer cette Europe-là, l'Europe élargie dans laquelle nous vivons", a dit l'ancien ministre des Affaires européennes devant la presse parlementaire.

François Hollande sera reçu par le président polonais, le conservateur Bronislaw Komorowski, et par le chef de file de l'opposition de gauche, l'ancien Premier ministre Leszec Miller. Il visitera en outre le ghetto de Varsovie.

"La Pologne est un pays très pro-européen qui, après une phase nationaliste, s'est engagé dans une politique qui vise à le mener au coeur de la construction européenne et dans l'euro", souligne un conseiller de François Hollande, qui regrette "l'abandon" par l'Elysée de la coopération entre la France, l'Allemagne et la Pologne dans le cadre du "Triangle de Weimar".

"C'est un très mauvais signe que nous voulons corriger", dit-il.

AUBRY AU MAROC, MOSCOVICI AUX ETATS-UNIS

Jamais ministre et méconnu à l'étranger, François Hollande envisageait au début de sa campagne des voyages lointains vers les Etats-Unis, le Brésil ou l'Afrique. Concentré sur sa politique intérieure, il a revu à la baisse son agenda international mais envoyé des émissaires pour le représenter.

L'ancien Premier ministre Laurent Fabius s'est ainsi rendu au Proche-Orient, puis en Chine et au Japon.

La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, sera ce week-end au Maroc, à Rabat et Casablanca, puis en Algérie et en Tunisie. Un voyage en Russie de l'ex-ministre du Travail est prévu fin mars ou début avril.

L'ancien ministre Jack Lang a été missionné en Grèce. Quant à Pierre Moscovici, il doit s'envoler à la fin du mois pour les Etats-Unis, où il espère rencontrer le vice-président Joe Biden et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Le début de semaine a été marqué par les rumeurs de "pacte" passé entre conservateurs européens contre François Hollande, l'hebdomadaire Der Spiegel affirmant qu'Angela Merkel et ses homologues italien, espagnol et britannique s'étaient entendus pour boycotter le candidat PS coupable à leurs yeux de vouloir renégocier le traité européen sur la discipline budgétaire.

Angela Merkel, Mariano Rajoy et David Cameron ont tous trois démenti le contenu de l'article, tout comme Nicolas Sarkozy.

"Je pense que le problème de M. Hollande, c'est pas du tout qu'il y ait un pacte contre lui", a dit le président-candidat, "C'est qu'il a peu voyagé, et donc il ne se rend pas compte qu'on est dans un monde ouvert".

Les rumeurs de "pacte" été reçus avec scepticisme par François Hollande et son équipe.

"Dès que c'est sorti, je n'y ai pas cru", dit un proche conseiller, qui ne s'inquiète pas non plus de la qualité des rapports entre la chancelière conservatrice allemande et le socialiste si ce dernier accède à l'Elysée.

"Merkel et Hollande sont faits pour s'entendre. Ils sont pragmatiques tous les deux", dit-il. "Elle est ferme, mais on voit à quelle vitesse elle peut évoluer".

François Hollande a tenté, pour l'instant en vain, d'obtenir une rencontre avec Angela Merkel, qui avait rencontré les candidats Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal en 2007. Il avoue aujourd'hui ne plus vraiment y compter.

"C'est le peuple français qui va choisir son prochain président et c'est le prochain président qui aura à travailler avec tous les dirigeants européens", répète François Hollande, qui a annoncé que l'Allemagne serait, le cas échéant, sa première destination de président de la République. (Avec Yves Clarisse)