* Alep toujours sous les frappes aériennes et terrestres
    * Elles ont tué 200 civils en une semaine
    * Nouvelle trêve partielle vers Damas et Lattaquié
    * Alep ne semble pas concerné par ce "régime de calme"
    * Pas de nouvelle date pour la reprise des négociations

 (Ajoute communiqué CICR §17-19)
    par Lisa Barrington et Jack Stubbs
    BEYROUTH, 29 avril (Reuters) - Le gouvernement syrien a
annoncé vendredi un bref arrêt des combats près de Damas et dans
la province de Lattaquié à partir de samedi, sans faire mention
d'une trêve à Alep, où les combats sont les plus intenses.
    Le nouveau "régime de calme" commencera samedi à 01h00. Il
durera 24 heures dans la capitale et dans ses faubourgs de la
Ghouta orientale et 72 heures dans les zones rurales du nord de
la province de Lattaquié, précise l'armée syrienne dans un
communiqué.
    Les combats se sont intensifiés ces derniers jours dans ces
deux secteurs. Le communiqué de l'armée ne parle pas d'Alep où
les combats sont les plus meurtriers. 
    Cette agglomération, qui était avant la guerre la plus
grande ville de Syrie, est divisée en secteurs tenus par les
rebelles et zones tenues par le gouvernement. Mercredi soir, une
frappe aérienne sur un hôpital de la ville, l'hôpital Al Qods, a
fait 50 morts, dont six médecins, selon un dernier bilan publié
vendredi par Médecins sans frontières (MSF).
    D'après Kadri Djamil, un représentant de l'opposition
syrienne cité par les agences de presse russes, la nouvelle
trêve s'appliquera également à Alep. Aucune confirmation de
cette information n'a pu être obtenue.
    Une source militaire syrienne a annoncé que cette trêve ne
concernerait pas Alep parce qu'il y a "des terroristes qui n'ont
pas cessé de frapper la ville et ses habitants", a dit cette
source. "Il y a un grand nombre de martyrs à Alep, c'est la
raison pour laquelle la situation est différente là-bas",
a-t-elle ajouté.
    Damas décrit cette accalmie comme une tentative de sauver
l'accord de "cessation des hostilités" mis en place en février
qui ne concerne pas la lutte contre les djihadistes de l'Etat
islamique et du Front al Nosra.
    Le régime syrien affirme que cela doit permettre une
nouvelle série de négociations de paix à Genève mais le
processus de trêve s'est pratiquement effondré ces derniers
jours, comme d'ailleurs les pourparlers en Suisse.
    Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme,
le prince Zeid Ra'ad Zeid al Hussein, a déclaré que le niveau de
violence "était remonté aux niveaux constatés avant la cessation
des hostilités".
    "Il y a des informations très perturbantes de renforcements
militaires indiquant des préparatifs d'escalade meurtrière", a
déclaré le Haut Commissaire. Ces informations sont la preuve
"d'une indifférence monstrueuse pour les vies civiles de la part
de toutes les parties au conflit", a-t-il ajouté.

    SOUS LES DÉCOMBRES
    Les Nations unies ont appelé Moscou et Washington à
travailler à restaurer l'accord de cessation des hostilités pour
empêcher l'effondrement du processus de paix, qui a été
interrompu cette semaine à Genève avec quasiment aucune avancée
et le départ de l'opposition.
    Les Etats-Unis ont dit vendredi avoir ouvert des discussions
avec la Russie afin de relancer le cessez-le-feu et le
secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe,
Sergueï Lavrov, se sont entretenus au téléphone pour évoquer les
modalités d'un rétablissement de la trêve.
    "Nous espérons relancer cet accord (...) nous pouvons
raviver la dynamique en faveur d'une cessation la plus large
possible des hostilités", a dit le porte-parole de la Maison
blanche, Josh Earnest, lors d'un point presse.             
    "C'est un test, que nous souhaitons voir réussir, cela ne
concerne pas que Lattaquié et la Ghouta orientale mais également
d'autres zones où nous percevons des problèmes ou des problèmes
potentiels", a dit le responsable au sujet du projet de trêve.
    L'opposition syrienne a de son côté estimé que les
violations de la trêve, imputables selon elle à l'armée
syrienne, interdisaient toute reprise des négociations.
    Après une brève accalmie à l'aube, les frappes aériennes
dans les quartiers d'Alep tenus par les rebelles et le
bombardement des secteurs aux mains de l'armée syrienne ont
repris vendredi matin.
    Dans un communiqué diffusé vendredi soir, le Comité
international de la Croix-Rouge a déclaré que quatre
installations médicales situées des deux côtés de la ligne de
front avaient subi de très importants dégâts, ajoutant que des
dizaines de personnes avaient été tuées ou blessées. 
    Les quatre installations touchées sont les polycliniques Al
Mardjah et Boustan al Kassar, le centre de dialyse Chaouki et
l'hôpital de cardiologie Ibn Rachid. 
    "Rien ne peut justifier ces actes de violence atroces visant
délibérément des hôpitaux et des cliniques, qui sont prohibés
par le droit humanitaire international", a déclaré Marianne
Gasser, chef du CICR pour la Syrie, dans un communiqué. 
    Au cours des sept derniers jours, les divers bombardements
menés par l'armée syrienne dans les quartiers d'Alep tenus par
les insurgés ont coûté la vie à 131 civils, dont 21 enfants,
rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une
ONG basée à Londres qui tente de dresser un bilan quotidien du
conflit grâce à un réseau d'informateurs sur le terrain.
    Sur la même période, les bombardements rebelles de zones
sous contrôle des forces gouvernementales ont fait 71 morts,
dont 13 enfants, poursuit l'OSDH.

 (Avec Omar Fahmy et Peter Graff; Danielle Rouquié, Pierre
Sérisier et Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le
service français)