(Ajoute déclarations de Kerry §3-4)

par David Brunnstrom et Noah Browning

DOHA, 3 août (Reuters) - Les Etats-Unis et leurs alliés arabes du Golfe vont coopérer davantage pour contrer les entreprises de déstabilisation au Moyen-Orient, a déclaré lundi le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors d'une visite au Qatar, reconnaissant implicitement les inquiétudes des pétromonarchies quant aux conséquences de l'accord sur le nucléaire iranien.

A l'issue d'une rencontre avec ses homologues du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le chef du département d'Etat a assuré que les Etats du Golfe étaient d'accord pour reconnaître qu'une fois mis en oeuvre, l'accord de Vienne contribuerait à assurer la sécurité régionale. Mais il a également souligné que les discussions avaient porté sur la "cooopération dans la lutte contre les activités déstabilisatrices dans la région".

"Notre but est d'appliquer pleinement cet accord et d'espérer que le comportement de l'Iran s'améliorera. Evidemment, nous connaissons tous le soutien du Hezbollah aux milices chiites en Irak, le soutien aux Houthis (du Yémen), d'autres implications dans la région, le soutien historique au terrorisme", a dit John Kerry lors d'une conférence de presse.

"Tout le monde est en droit d'espérer qu'une page sera tournée, mais nous nous préparons à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il expliqué.

John Kerry a ainsi déclaré avoir discuté avec ses homologues de mesures à prendre pour renforcer le partenariat entre Washington et le CCG, "avec un accent particulier mis sur la coopération entre matière de lutte antiterroriste et de contre-insurrection".

Les pays du Golfe redoutent que l'accord de Vienne donne à l'Iran chiite, qu'ils accusent d'ingérence dans les conflits du monde arabe, des moyens accrus pour soutenir les groupes armés dans la région.

Ce compromis âprement négocié pendant des mois entre l'Iran et six grandes puissances dont les Etats-Unis prévoit d'encadrer très strictement les activités nucléaires iraniennes pendant dix ans en échange d'une levée progressive des sanctions à l'encontre de Téhéran.

Le Conseil de coopération du Golfe rassemble l'Arabie saoudite, le Qatar, Bahreïn, le Koweït, les Emirats arabes unis et le sultanat d'Oman.

ENTRETIEN TRILATÉRAL

John Kerry devait poursuivre sa visite au Qatar par un entretien avec ses homologues russe Sergueï Lavrov et saoudien Adel al Djoubeïr principalement consacré à la Syrie.

La Russie s'efforce d'amorcer un rapprochement entre le gouvernement syrien de Bachar al Assad et des puissances régionales comme l'Arabie saoudite ou la Turquie, qui soutiennent la rébellion, afin de forger une alliance contre le groupe Etat islamique (EI).

La rencontre de John Kerry avec les dirigeants du CCG fait suite à un mini-sommet organisé en mai dernier par le président Barack Obama à Camp David, une rencontre boudée par les rois d'Arabie saoudite et de Bahreïn.

Le président américain avait alors promis aux Etats du Golfe l'aide des Etats-Unis contre toute "attaque extérieure" avec l'espoir de les rassurer sur le degré d'engagement de Washington dans la région malgré la perspective de l'accord sur le programme nucléaire iranien.

Mais Barack Obama s'était abstenu d'offrir à ses alliés l'accord de défense formel que réclament certains d'entre eux, annonçant des mesures plus modestes sur l'aide des Etats-Unis pour la mise en place d'un système régional intégré de défense antimissile, sur la simplification des procédures de vente d'armements et sur les exercices militaires communs. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)