par Rodrigo Campos

NEW YORK, 17 septembre (Reuters) - Les investisseurs actifs sur le marché actions américain pourraient sortir de segments offrant des rendements élevés pour se placer sur les valeurs bancaires, susceptibles de profiter de toute indication de la Réserve fédérale au sujet d'un durcissement de sa politique monétaire.

La réunion des 19 et 20 septembre de la Fed devrait en effet être l'occasion pour la banque centrale américaine de préciser ses intentions concernant la réduction de la taille de son bilan, gonflé par les rachats d'actifs après la crise financière de 2007-2009 et qui s'élève désormais à 4.500 milliards de dollars (3.830 milliards d'euros).

En outre, les chiffres de l'inflation aux Etats-Unis, supérieurs aux attentes, ont alimenté les anticipations d'une nouvelle hausse des taux d'ici la fin de l'année.

"A court terme, cela sera bénéfique aux financières", a déclaré Chad Morganlander, gérant de portefeuille chez Crossing Advisors, au sujet de toute initiative de la Fed susceptible de pousser vers le haut les taux d'intérêt à long terme.

Tout renforcement des anticipations d'une hausse des taux d'intérêt pourrait donner lieu à une rotation qui serait favorable aux financières, aux industrielles et valeurs liées aux matières premières, déclare pour sa part Jim Paulsen, chargé de la stratégie investissements chez The Leuthold Group.

"Cela exercerait une certaine pressions sur les télécoms et les services aux collectivités ("utilities"), ainsi que sur des entreprises qui augmentent systématiquement leurs acomptes sur dividende, ajoute-t-il.

Quand les taux d'intérêt montent, les acteurs de marché vendent traditionnellement les télécoms, les utilities et ceux qui versent des dividendes élevés, notamment parce que le statut de valeur sûre du marché actions de ces compartiments perd de son attrait étant donné qu'avec un tour de vis monétaire, les obligations, qui sont encore plus sûres, peuvent offrir des rendements similaire.

L'ÉCART DE RENDEMENT ENTRE TAUX LONGS ET TAUX COURTS

L'indice bancaire du S&P 500 n'affiche qu'une hausse de 4,10% depuis le début de l'année, contre une progression de 11,7% pour le S&P 500 et un gain de 12,6% pour le secteur des utilities.

En revanche, celui des télécoms accuse une perte de 11,9% depuis le début de l'année, seul compartiment à être dans le rouge avec le pétrole (-12,0%). Les valeurs industrielles sont en hausse de 9,9% sur la période et les matières premières affichent une progression de 12,6%.

Le compartiment technologique continue d'être en tête des performances sectorielles, avec un bond de 25,6%, devant le secteur pharmaceutique (+20%).

En plus d'éventuelles indications sur le calendrier de la réduction de la taille de son bilan, la Fed pourrait également signaler sa préférence pour des papier à court terme ou à long terme lorsqu'elle réinvestira une partie de ses actifs arrivant à maturité.

Si l'accent est mis sur le rachat d'obligations à échéance courte, cela pousserait vers le haut la partie longue de la courbe de rendements, élément également favorable aux valeurs bancaires, a noté Chad Morganlander.

Les banques empruntent en effet à court terme et prêtent à long terme donc toute accentuation de la courbe des taux est considérée comme un point positif pour leur bilan.

Les programmes d'assouplissements quantitatifs successifs de la Fed ainsi que les taux longtemps maintenus à un plus bas record proche de zéro ont été le moteur principal de la remontée de Wall Street d'un creux de 12 ans touché en 2009, en pleine crise financière, vers ses sommets actuels.

Mais la réduction du bilan de la Fed, qui devrait se faire à un rythme modéré de 10 milliards de dollars par mois, ne devrait pas déclencher de mouvement de baisse du marché actions. (Benoit Van Overstraeten pour le service français)