* Premiers pas à l'Otan pour le président américain

* L'Otan doit des "sommes énormes" aux Américains-Trump

* Pas de soutien explicite à l'article 5

par Marine Pennetier et Robin Emmott

BRUXELLES, 25 mai (Reuters) - Donald Trump a réclamé une nouvelle fois jeudi, lors d'un mini-sommet de l'Otan, un meilleur "partage du fardeau" entre les membres de l'Alliance atlantique et a appelé à concentrer les efforts sur la lutte contre le terrorisme, trois jours après l'attentat de Manchester.

Très attendue, la brève allocution du président américain au nouveau siège de l'Onu à Bruxelles n'a toutefois pas apporté les clarifications souhaitées par ses alliés, échaudés ces derniers mois par sa remise en cause du principe de défense systématique, contenue dans l'article 5 de la charte de l'organisation.

"Nous ne renoncerons jamais à notre détermination à vaincre le terrorisme et à assurer une sécurité, une prospérité et une paix durables", a déclaré Donald Trump, juste après avoir dévoilé un mémorial aux attentats du 11 septembre 2001.

"Il faut mettre un terme au terrorisme (...) ou l'horreur que vous avez vue à Manchester et tant d'autres endroits se poursuivront sans fin", a-t-il ajouté. "L'Otan du futur doit se concentrer sur le terrorisme et l'immigration et sur les menaces de la Russie sur les frontières Est et Sud de l'Otan".

La venue de Donald Trump au mini-sommet de l'Otan, une première pour le président américain depuis son investiture en janvier dernier, survient sur fond d'inquiétudes des pays d'Europe de l'Est sur un possible désengagement américain en cas d'agression de la Russie.

Des inquiétudes nourries par les critiques répétées du locataire de la Maison blanche, qui a qualifié l'Alliance "d'obsolète" - avant de se raviser - et a estimé qu'elle était trop financée par les Etats-Unis, préconisant une nouvelle répartition des coûts.

"INJUSTE VIS-À-VIS DES CONTRIBUABLES AMÉRICAINS"

Malgré l'attente de ses partenaires de l'Alliance, Donald Trump n'a pas exprimé explicitement jeudi son attachement à la défense systématique entre alliés. Juste après son discours, un responsable américain, membre de la délégation dépêchée à Bruxelles, a toutefois assuré que le président américain restait attaché à cette mesure, qui constitue "le coeur" de l'Alliance.

Lors de son déjeuner avec Emmanuel Macron, la question de l'article 5 n'a pas été explicitement évoquée, selon l'entourage du président français, mais le dirigeant américain a assuré qu'il soutenait "à 100%" l'Otan.

Dans des termes particulièrement abrupts, Donald Trump s'en est également pris aux Etats membres à l'Otan, "qui doivent d'énormes sommes d'argent", précisant avoir été "très, très direct" avec ses interlocuteurs.

"Je leur ai dit qu'ils devaient enfin payer leur part et respecter leurs obligations financières", a-t-il dit. "Vingt-trois des 28 pays membres ne payent toujours pas ce qu'ils devraient payer (...) C'est injuste vis-à-vis des contribuables américains".

Les pays de l'Otan se sont engagés en 2014 à porter leur budget défense à 2% de leur PIB d'ici 2024. Paris est le troisième pays contributeur au budget de l'Otan, derrière les Etats-Unis et l'Allemagne.

"Deux pour cent est le strict minimum pour faire face aux menaces actuelles très réelles et très vicieuses", a estimé Donald Trump. (avec Gabriela Baczynska et Steve Holland, édité par Simon Carraud)