BERLIN, 24 septembre (Reuters) - Grande gagnante des élections législatives de dimanche en Allemagne, la formation d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) a adressé un message en forme d'avertissement à la chancelière Angela Merkel, dimanche.

"Nous allons la talonner. Nous allons reprendre notre pays et notre peuple", a affirmé Alexander Gauland, 76 ans, l'un des deux principaux candidats du parti, s'adressant à ses partisans dans une boîte de nuit de Berlin.

Pour la première depuis plus d'un demi-siècle, l'extrême droite se prépare à siéger au Bundestag, l'AfD ayant obtenu, selon les projections, autour de 13% des suffrages.

Cela devrait faire de cette formation la troisième force politique de la chambre basse du parlement alors que la CDU d'Angela Merkel et les sociaux démocrates de Martin Schulz ont enregistré tous deux des reculs électoraux.

Menant une campagne agressive, l'AfD, formation dénonçant l'islam et l'Europe, a surfé sur les peurs nées de l'arrivée en Allemagne de près d'un million de réfugiés en 2015.

L'extrême droite a réussi ses meilleurs scores dans l'ancienne Allemagne de l'Est avec près de 23% des voix, soit 17 points de plus qu'en 2013. Dans la partie occidentale du pays, elle obtient un peu plus de 11% soit près de sept points de plus.

Toutes les autres formations parlementaires ont annoncé qu'elles refusaient de collaborer avec l'AfD mais cette dernière, forte de 87 élus, va trouver au Bundestag une puissante caisse de résonance pour ses idées islamophobes et europhobes.

Alice Weidel, l'autre figure de proue du parti, a promis qu'elle travaillerait de manière "constructive" dans l'opposition.

"La première chose que nous ferons sera de tenir notre promesse et de former une commission pour enquêter sur Angela Merkel", a-t-elle déclaré. L'AfD soutient que la décision de la chancelière d'autoriser la venue en Allemagne de réfugiés était illégale.

Avant le scrutin de dimanche, Georg Pazderski, membre du bureau exécutif de l'AfD, expliquait que les élus allaient se servir du Bundestag pour attirer l'attention sur le coût de l'immigration et sur les défauts de la zone euro et l'Union européenne. L'AfD veut que l'Allemagne sorte de la monnaie commune.

Selon lui, les autres partis vont snober l'AfD pendant un an ou deux puis ils finiront par accepter de travailler avec elle. Il a notamment pris comme exemple le Land de Saxe-Anhalt où l'AfD et la CDU ont voté ensemble la création d'une commission d'enquête sur l'extrême gauche.

Une récente enquête de l'Université de Bochum dans la Ruhr montre que parmi les 235 candidats de l'AfD, 98 appartenaient à l'aile qui soutenait Björn Höcke, membre du parti qui avait provoqué une polémique en affirmant qu'Adolf Hitler n'avait pas fait que des "choses abominables".

Parmi les candidats du parti, se trouve également un juge qui avait estimé que le souvenir des six millions de juifs exterminé par les nazis constituait un "culte de la culpabilité".

Un autre candidat, âgé de 77 ans, avait qualifié l'Holocauste "d'outil efficace pour criminaliser les Allemands" tandis qu'un autre encore, avocat, avait jugé que la police devrait être autorisée à abattre les migrants illégaux.

(Pierre Sérisier pour le service français)