"Dans un portefeuille équilibré, 50% actions-50% obligations, quelle part est attribuée aux actions présentement ?
Dans un portefeuille équilibré en risque, nous serions positionnés sur les actions à hauteur de 60%. Nous sommes dans une phase favorable à cette classe d’actifs. La croissance gagne de l’élan que ce soit aux Etats-Unis-où l’indicateur de Citigroup des surprises économiques est à son plus haut depuis deux ans- ou en Europe, notamment en Allemagne et en Espagne. Les bénéfices des entreprises ont alors vocation à progresser considérablement sous l’effet de l’accélération de la dynamique. L’absence d’inflation-en raison d’une relative stabilité des prix des matières premières et des salaires-devrait être un élément de soutien.
Concernant la classe d’actifs obligataire, elle risque d’être très chahutée. Il va falloir être beaucoup plus sélectif que par le passé.
Est-ce que vous envisagez à ce stade de maintenir cette poche de 60% tout au long de l’année ?
Toute chose égale par ailleurs, nous serons amenés à conserver cette proportion.

Qu’en est-il de votre allocation géographique ?

Les valorisations sont à leur moyenne historique dans les pays développés. Le potentiel d’expansion des multiples est à présent quasi nul. Cette année devra se caractériser par une amélioration réelle des bénéfices pour déboucher sur une nouvelle performance des actions.
Pour l’heure nous anticipons un accroissement des bénéfices autour de 6% aux Etats-Unis et de 8% en Europe.
Nous pourrons également compter en partie sur la continuation des versements de dividendes (à hauteur de 1,9% aux Etats-Unis et 3,5% en Europe) et des opérations de rachat d’actions (à hauteur 3% aux Etats-Unis).
Nous escomptons un gain supplémentaire de 10% de part et d’autre de l’Atlantique.

Entre l’Europe et les Etats-Unis que préférez-vous ?
Nous sommes plutôt équilibrés sur les deux régions. Nous apprécions les Etats-Unis car la croissance de l’indice y est régulière et permet d’avoir un couple rendement risque intéressant. L’Europe offre en absolu une hausse potentiellement plus importante mais avec davantage de volatilité.

Faites vous une distinction entre pays à l’intérieur de l’Europe ?
Il peut y avoir un phénomène de rattrapage sur les titres bancaires des pays de la périphérie notamment de l’Espagne et de l’Italie sous l’impulsion du recul des taux souverains. Le taux à dix ans espagnol est revenu à 3,80% et le taux à dix ans italien à 3,90%.
Pour autant, parce que nous voulons avoir un portefeuille européen prudent, nous évitons d’être massivement positionnés sur ces pays en raison du risque politique plus élevé et de la plus grande volatilité de leur indice.

Nous ne sous pondérons pas la France malgré les signes de faiblesses de l’économie dans la mesure où les entreprises du Cac 40 réalisent plus de la moitié de leurs résultats en dehors du pays. Nous éviterons cependant les entreprises exposées à la consommation française.

Au Royaume-Uni, l’activité reprend vivement et la politique monétaire est sur le point d’entrer dans une phase moins accommodante. Cependant, de nombreuses sociétés cotées britanniques du Footsie ne sont pas principalement influencée par l’évolution de l’économie du pays. Nous misons sur la croissance anglaise essentiellement en investissant dans des fonds spécialisés sur les petites capitalisations.

Quid du Japon ?

La zone est intéressante. Des politiques de relance très agressives y sont conduites. Celles-ci fonctionnent modérément. L’indicateur crucial à surveiller nous semble être les salaires. Si l’on observe une hausse des rémunérations des employés, nous pourrions alors être très positifs sur le marché japonais car les perspectives des entreprises sont très bien orientées. Pour le moment nous avons initié des positions relativement petites. Nous surveillons attentivement ce qui se passe pour le cas échéant les renforcer.

Vous êtes très sous-pondérés sur les émergents ?
Deux raisons à cela, la réduction du stimulus monétaire de la Fed et le ralentissement de l’économie chinoise du fait de la transformation de son modèle économique vers la consommation domestique plutôt que l’investissement dans la construction et les infrastructures. Le tapering devrait particulièrement impacter les pays qui ont un large financement en dollar comme la Turquie ou l’Indonésie.
Parmi les pays qui pourraient tirer leur épingle du jeu nous trouvons le Mexique qui bénéficie de ses liens avec l’économie américaine.


Sur le plan sectoriel, que faudrait-il jouer et que faudrait-il éviter ?
Nous favorisons les financières, notamment les banques et assurances françaises (BNP, Société générale, Crédit Agricole). Les valorisations ne sont pas élevées, et les résultats sont bons.
Nous mettons l’accent sur l’innovation, avec Qualcomm qui fabrique des composants pour les tablettes et les téléphones portables, et qui va bientôt se diversifier dans les serveurs. On apprécie également Ingenico, Google, et Amazon. La thématique des marques est présente dans nos portefeuilles via Monster Beverage, concurrent direct de Red Bull aux Etats-Unis.
Nous sommes également exposés aux sociétés dont les bénéfices accéléreront plus que la croissance mondiale, comme Siemens ou BASF.
Enfin la thématique énergétique aux Etats-Unis avec deux raffineurs Tesoro et Valero nous parait très pertinente.

Nous restons en retrait des valeurs du luxe comme LVMH qui souffrent de l’essoufflement de la demande pour les produits de luxe. Beaucoup de touristes qui venaient en Europe se rendent désormais aux Etats-Unis ce qui nuit aux ventes européennes dont 50% sont le fait de touristes. Nous évitons aussi l’alimentation et la boisson dont les titres sont chers.
Nous n’avons pas d’engouement pour les minières tant que la transformation du modèle chinois n’est pas terminée. Nous observons une véritable restructuration de l’industrie minière qui devrait perdurer cette année.
Les secteurs des télécoms et des utilities restent difficiles à appréhender en raison des politiques tarifaires agressives qui sont néfastes pour les marges pour les telecom et du risque politique pour les utilities.

Quels sont les principaux risques que vous identifiez dans votre radar ?
Le premier risque est celui de la remontée des taux américains liée aux craintes autour de la politique monétaire de la Fed. Nous suivons toutes les publications économiques phares aux Etats-Unis-comme le rapport mensuel sur l’emploi et leur impact sur les taux américains puisque un bond de 3% à 3,5% en quelque jours du 10 ans américain pourrait chahuter les actions.

Nous ne sommes pas à l’abri d’un retour du risque politique au sein de la zone euro avec les élections municipales en France et les élections européennes. L’avancée des partis extrêmes pourrait intensifier la volatilité sur les marchés actions à court terme.

Enfin, la bulle immobilière en Chine et les dérives du shadow banking sont également sources éventuelles de perturbations. Les autorités ont affiché leur volonté de régler le problème mais nous ne savons pas quels pourraient être les impacts des mesures adoptées ni les répercussions sur la croissance. L’état des finances des établissements bancaires et l’endettement des entreprises chinoises devront rester dans le collimateur.

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