(Actualisé avec fin de la journée de discussions)

par Madeline Chambers

BERLIN, 13 décembre (Reuters) - Le bloc conservateur de la chancelière Angela Merkel a exprimé mercredi sa volonté d'ouvrir des négociations officielles sur la formation d'une nouvelle grande coalition avec le Parti social-démocrate (SPD), qui devrait cependant se donner deux jours supplémentaires de réflexion.

La CDU d'Angela Merkel, affaiblie par son plus mauvais score national depuis 1949 aux élections législatives de septembre en Allemagne, espère convaincre le SPD de rester dans la "grande coalition" formée en 2013 mais les sociaux-démocrates, qui ont pour leur part enregistré leur pire score depuis 1933, ont clairement exprimé initialement leur souhait de retourner dans l'opposition.

L'échec des tractations entre les conservateurs, les libéraux du FDP et les écologistes pour constituer un gouvernement tripartite a contraint la CDU, alliée aux Bavarois de la CSU, et le SPD à envisager le renouvellement de leur alliance gouvernementale pour éviter de nouvelles élections.

Les dirigeants des deux camps - Angela Merkel pour la CDU, Horst Seehofer pour la CSU et Martin Schulz pour le SPD - se sont rencontrés mercredi et le secret qui a entouré le déroulement de ces pourparlers illustre la prudence des différents participants.

"Les représentants de la CDU et de la CSU ont clairement fait savoir qu'ils voulaient commencer des discussions exploratoires avec le SPD sur la création d'un gouvernement stable", écrivent les conservateurs dans un communiqué.

Un responsable du SPD a cependant déclaré que sa formation devait d'abord tenir des consultations avant d'annoncer sa décision vendredi.

RELATIONS CRISPÉES

Conscient de la fragilité de la position d'Angela Merkel, le SPD cherche à pousser ses pions et il a fait savoir que les questions sociales seraient au centre de ses préoccupations.

"Un point décisif pour le SPD est que l'agenda social ait plus de place en Allemagne", a déclaré Carsten Schneider, président du groupe parlementaire social-démocrate, à la télévision allemande.

Un autre représentant du SPD, Ralf Stegner, a prévenu mercredi que personne ne pourrait dicter ses conditions aux sociaux-démocrates, dont les conservateurs ont besoin s'ils veulent gouverner.

Les relations entre CDU et SPD restent crispées et Angela Merkel est régulièrement la cible de critiques des sociaux-démocrates.

Lors du congrès du SPD la semaine dernière, Martin Schulz a plaidé pour une relance radicale de la construction européenne et estimé que l'UE devait s'efforcer de se transformer en "Etats-Unis d'Europe" d'ici 2025.

Plusieurs dirigeants du bloc conservateur ont rejeté cette idée.

Pour Angela Merkel, la priorité est de garantir la solidité financière de l'Allemagne, réduire certains impôts et développer le numérique.

Une solution alternative à une "grande coalition" consisterait pour la CDU-CSU à obtenir un soutien partiel du SPD limité à certains domaines comme le budget et les affaires européennes dans le cadre d'une "KoKo" (coopération de coalition).

Cette idée ne fait toutefois pas recette chez les conservateurs.

"Il faut voir ce que cela donnerait mais, s'il vous plaît, sérieusement", a dit Carsten Linnemann, chef d'un groupe représentant des PME au sein du bloc conservateur, à la chaîne de télévision ARD. (Avec Thomas Escritt; Guy Kerivel, Pierre Sérisier et Bertrand Boucey pour le service français)