(Actualisé avec des précisions, contexte)

par Paul Carrel

BERLIN, 24 novembre (Reuters) - La confiance des entreprises allemandes s'est améliorée contre toute attente en novembre, atteignant même un niveau sans précédent, augurant d'une solide performance de l'économie allemande au quatrième trimestre malgré un contexte politique pour le moment troublé.

L'indice Ifo du climat des affaires, calculé à partir d'un échantillon de quelque 7.000 entreprises interrogées du 6 au 23 novembre, a été de 117,5 en novembre contre 116,8 en octobre (116,7 en première estimation). Les économistes interrogés par Reuters l'anticipaient à 116,6.

L'Ifo précise que 90% des réponses ont été recueillies avant l'échec des discussions, dimanche soir, en vue de constituer un gouvernement de coalition mais au moment même de l'enquête se posaient déjà beaucoup de questions sur le type de gouvernement qui émergerait des tractations.

Le Parti social-démocrate (SPD) est prêt à entamer des négociations de coalition avec d'autres formations politiques pour sortir l'Allemagne de l'impasse politique dans laquelle elle se trouve, a indiqué vendredi un dirigeant de la formation de centre gauche.

"Le sentiment des entreprises allemandes est très fort", dit Clemens Füst, le directeur de l'Ifo, dans un communiqué. "Cela s'explique par des anticipations devenues bien plus optimistes; l'économie allemande est bien partie pour un choc de prospérité".

La composante des anticipations est ressortie à 111,0 contre 109,2 en octobre et un consensus de 108,9.

D'autres indicateurs publiés cette semaine sont venus souligner la vigueur de la première économie européenne.

Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,8% en données ajustées au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, soutenu par l'export et l'investissement en biens d'équipement, a confirmé jeudi l'Office fédéral de la statistique.

Le secteur privé allemand a encore progressé en novembre, les usines produisant des biens au rythme le plus soutenu depuis près de sept ans, selon les résultats préliminaires de l'enquête mensuelle d'IHS Markit qui montrent que la première économie de la zone euro tourne à plein régime.

"Des carnets de commandes pleins et des stocks bas devraient confirmer le secteur manufacturier dans son rôle de moteur de la croissance", a dit Carsten Brzeski, économiste de l'institut munichois.

"Toutefois, le coup de pouce budgétaire que nous anticipions sera à l'évidence retardé, mais non pas disparu, en raison de l'impasse politique à Berlin", a-t-il ajouté.

Klaus Wohlrabe, un autre économiste de l'Ifo, observe lui que les incertitudes politiques, en Allemagne ou ailleurs, et la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de réduire ses rachats d'actifs ne semblent pas avoir d'impact notable sur le moral des entrepreneurs.

"L'économie allemande apparaît comme étant très robuste et immune aux évolutions politiques", a-t-il dit.

L'Ifo anticipe une croissance économique de 0,7% au quatrième trimestre et de 2,3% pour l'ensemble de 2017.

Tableau:

(Avec Joseph Nasr et Jörn Poltz, Wilfrid Exbrayat pour le service français)