Francfort (awp/afp) - Le moral des investisseurs en Allemagne a décroché bien plus qu'escompté en août pour s'établir à 10,0 points, lesté notamment par les scandales dans l'automobile, selon un baromètre réalisé par l'institut ZEW et publié mardi.

Cet indicateur mesurant les attentes des milieux financiers allemands pour la conjoncture de leur pays ces prochains mois a perdu 7,5 points par rapport à juillet, marquant le troisième mois de baisse d'affilée.

Les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset s'attendaient en moyenne à une baisse plus limitée pour le mois d'août, à 15,0 points.

Le baromètre, obtenu via un sondage auprès de 213 acteurs de la finance allemande réalisé courant août, reste nettement en deçà de sa moyenne de long terme de 23,8 points, comme le souligne l'institut ZEW dans un communiqué.

"Le recul très marqué des attentes conjoncturelles reflète la nervosité ambiante sur l'évolution de la croissance en Allemagne. La croissance moins forte qu'attendu des exportations et le scandale grandissant dans le segment automobile y ont contribué pour l'essentiel", explique Achim Ambach, président du ZEW.

Les exportations allemandes ont reculé de manière inattendue en juin, selon des statistiques publiées en août.

Dans le secteur automobile, industrie phare de la première économie européenne, les attentes se sont effondrées en août sur un mois (-31,8 points), relève le ZEW.

Les principaux constructeurs allemands, déjà fragilisés par le scandale des moteurs diesel truqués, sont soupçonnés d'avoir établi un vaste cartel pendant plusieurs années. Début août, ils se sont par ailleurs engagés à des mesures pour limiter la pollution émise par les véhicules diesel, dont les consommateurs se détournent de plus en plus.

Le recul du baromètre en août a aussi d'autres causes, selon Stephen Brown, analyste chez Capital Economics, pour qui il est "le reflet de la hausse continue de l'euro et du repli récent des prix des actions". Néanmoins, "nous ne pensons pas que cela suggère un ralentissement économique à venir", ajoute-t-il.

Les acteurs sur le marché sont dans l'attente d'un débat devant s'ouvrir début septembre au sein du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) en vue d'une réduction progressive de la politique d'argent très bon marché à partir de 2018.

Ulrich Wortberg, de la banque Helaba, juge également que "la physionomie de la croissance allemande au troisième trimestre reste favorable", après une progression de 0,6% du PIB au deuxième trimestre.

D'après le ZEW, les attentes des investisseurs sur la conjoncture en zone euro sont, elles aussi, ressorties en nette baisse en août (-6,3 points à 29,3 points). Les attentes concernant la France ont même chuté de 11,1 points sur un mois, à 29,8 points.

L'autre baromètre de confiance publié vendredi prochain, l'Ifo, sera très suivi par les marchés, en donnant une idée précise du pouls des entrepreneurs. "Les attentes ne devraient pas être trop grandes", conseille M. Wortberg.

Le moral des entrepreneurs de juillet avait déjoué les attentes, en s'améliorant à 116,0 points, un record.

afp/rp