Berlin (awp/afp) - Le moral des entrepreneurs allemands a nettement augmenté en avril, reflet du mini-boom que traverse actuellement la première économie européenne, selon le baromètre de l'institut Ifo publié lundi.

L'indicateur, suivi de très près en Allemagne et dans l'ensemble de la zone euro, a surpris en se hissant à 112,9 points en avril, son plus haut niveau depuis juillet 2011, a annoncé l'institut qui réalise tous les mois ce baromètre sur la base d'un sondage auprès de quelque 7.000 entreprises.

Les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset s'attendaient en moyenne sur une stabilité de l'indicateur au niveau de mars, soit 112,4 points.

"L'économie allemande connaît une forte croissance", a résumé le président de l'institut Clemens Fuest, cité dans un communiqué.

Une appréciation soutenue en particulier par la composante du baromètre mesurant l'évaluation de la situation actuelle par les entrepreneurs: elle a bondi à 121,1 points, contre 119,5 points en mars.

Les attentes pour les six mois à venir ont en revanche quelque peu marqué le pas pour s'établir à 105,2 points en avril, après 105,7 points le mois d'avant.

Par secteur, le bâtiment a confirmé sa santé retrouvée. "L'évaluation de la situation actuelle a augmenté à son plus haut niveau depuis la réunification", a détaillé l'institut. "Les attentes sont restées tout aussi optimistes, les carnets de commandes évoluent de façon excellente", a-t-il ajouté.

Les entrepreneurs du commerce de gros ont eux aussi fait preuve d'une confiance dans leur activités présentes inédite depuis 1991.

Dans l'industrie manufacturière, l'indice s'est en revanche un peu tassé. Après s'être déclarés particulièrement optimistes pour l'avenir en mars, les entrepreneurs ont quelque peu révisé leurs attentes.

Le baromètre Ifo, qui progresse régulièrement depuis janvier, semble décidément "impossible à arrêter", estime Carsten Brzeski, chef économiste chez ING-Diba.

"L'économie allemande paraît être entrée dans un cycle positif presque sans fin", soutenue entre autres par des taux d'intérêt et un euro faibles ainsi qu'une forte consommation publique et privée, ajoute-t-il.

L'annonce du jour "signale aussi que les données fondamentales de l'économie sont saines et l'emportent sur tout le vacarme politique", estime Thomas Strobel d'Unicredit, en référence aux craintes de ces derniers mois concernant un repli protectionniste aux Etats-Unis et la montée en puissance des forces d'extrême-droite en Europe.

La vigueur du baromètre laisse présager une révision à la hausse des projections de croissance en Allemagne, jugent plusieurs économistes.

Le gouvernement allemand doit publier ce mercredi ses nouveaux pronostics. En octobre, il misait pour 2017 sur une hausse de 1,4% du Produit intérieur brut (PIB).

"Même notre prévision récemment révisée et supérieure au consensus de 2,5% pourrait être revue en hausse", relève Jennifer McKeown, de Capital Economics.

Et "cela pourrait renforcer les appels de l'Allemagne en faveur d'une normalisation de la politique monétaire", donc d'une fin progressive de la politique de soutien à l'économie menée par la Banque centrale européenne, prédit-elle.

Mais avant que la BCE réduise ses aides exceptionnelles à la croissance, elle attendra d'avoir des signes tangibles d'une reprise de l'inflation dans l'ensemble de la zone euro et cela est encore loin d'être le cas, soulignent la plupart des économistes.

Son président Mario Draghi devrait donc selon toutes les attentes réaffirmer jeudi le cap ultra-accommodant de sa politique lors de la conférence de presse suivant la réunion du conseil des gouverneurs.

afp/rp