ISTANBUL/WASHINGTON, 27 juillet (Reuters) - La Turquie et les Etats-Unis travaillent sur un projet visant à apporter un appui aérien aux rebelles syriens et à déloger conjointement les extrémistes sunnites de l'organisation Etat islamique (EI) du nord de la Syrie, le long de la frontière turque.

Après avoir été longtemps réticente à participer pleinement à la coalition mise en place par les Etats-Unis contre l'EI, la Turquie a opéré un changement stratégique à la suite d'un attentat suicide attribué à l'EI qui a fait 32 morts lundi dernier lors d'un rassemblement prokurde à Suruç, près de la frontière syrienne.

Ankara a ouvert ses bases aériennes à l'alliance anti-EI et s'est lancé dans le bombardement de cibles en Syrié liées au mouvement djihadiste. L'armée turque vise également les miliciens kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG). (voir )

Si aucun accord formel n'a encore été conclu avec Washington, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a déclaré que les deux alliés convenaient de la nécessité d'apporter une couverture aérienne aux rebelles syriens modérés en lutte contre l'EI.

"Ce dont nous disposons à présent, c'est d'une couverture aérienne pour libérer une région de Daech et soutenir l'opposition modérée de sorte qu'elle puisse prendre le contrôle de cette région", a-t-il dit dans une interview accordée à la chaîne turque ATV. "Nous ne voulons pas voir Daech aux frontières de la Turquie", a-t-il ajouté.

A Washington, des responsables américains ont indiqué que des discussions étaient en cours sur la dimension et le format d'une "zone de sécurité" le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie.

"L'objectif est d'établir une zone libérée de l'EI et de garantir une sécurité et une stabilité accrues le long de la frontière turque", a déclaré l'un d'eux sous couvert d'anonymat.

Il n'est pas question en revanche de l'imposition commune d'une zone d'exclusion aérien stricto sensu.

Les alliés de l'Otan, dont la Turquie occupe le flanc sud-est, se réuniront dans l'urgence ce mardi à la demande d'Ankara.

Les Turcs devraient exposer les mesures en cours d'application mais n'ont pas officiellement requis un soutien aérien ou terrestre, disent deux responsables informés des discussions préparatoires à cette réunion. (Nick Tattersall à Istanbul et Phil Stewart à Washington; Henri-Pierre André pour le service français)