(Répétition en raison d'un mot tronqué au §1)

* Apple a supprimé l'application de son AppStore

* La ministre Fleur Pellerin dénonce une mesure "extrêmement brutale"

* Elle veut saisir la Commission européenne

* Appgratis évalue à "une dizaine de millions d'euros" la perte de revenus

par Blandine Hénault

PARIS, 11 avril (Reuters) - La ministre de l'Economie numérique Fleur Pellerin veut saisir la Commission européenne sur une régulation des plates-formes numériques après le déréférencement par Apple de l'application française AppGratis.

Apple a décidé vendredi dernier de supprimer de son AppStore l'application AppGratis pour non-respect du cahier des charges. La start-up, qui emploie 45 personnes et revendique 12 millions d'utilisateurs dans le monde, permet de découvrir chaque jour gratuitement une application normalement payante.

Le dossier a pris jeudi un tour politique avec la visite de la ministre dans les locaux de la société iMediapp, qui édite AppGratis. Fleur Pellerin a critiqué Apple, parlant d'un déférencement "extrêmement brutal et unilatéral" et invoquant une question de "loyauté dans les relations commerciales".

"Ce n'est pas un comportement vertueux et digne d'une entreprise de cette taille-là", a-t-elle dit. "Il est temps pour ces entreprises de définir quelle est leur ligne en matière de responsabilité sociale vis-à-vis des écosystèmes qu'elles alimentent (...)"

Selon AppGratis, la décision d'Apple représente une dizaine de millions d'euros de perte de chiffre d'affaires. La société, a assuré son PDG Simon Dawlat, visait entre 22 et 25 millions d'euros de revenus en 2013, après 9 millions en 2012.

Apple, dans un courriel à Reuters, a indiqué avoir discuté avec AppGratis avant de supprimer l'application, expliquant que celle-ci n'a pas respecté deux des conditions de son cahier des charges.

La France est le deuxième producteur d'applications mobiles au monde derrière les Etats-Unis, a indiqué Fleur Pellerin.

La ministre, qui a dénoncé "les comportements abusifs à répétition de certaines plates-formes numériques", a dit qu'elle saisirait la Commission européenne et les Etats membres de l'UE sur la nécessité d'une régulation, "que ce soit des systèmes d'exploitation mobiles, des moteurs de recherche, des réseaux sociaux ou des plates-formes de diffusion de contenus culturels".

Ce n'est pas la première fois que Fleur Pellerin tape du poing face à un géant de l'Internet. En septembre, elle avait conseillé aux utilisateurs français de Facebook de porter plainte contre le réseau social après un éventuel "bug", sur lequel la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a été amenée à enquêter. (voir )

Elle est aussi en première ligne dans le dossier de la fiscalité des géants du web comme Google, Facebook, Amazon et Apple, accusés de payer moins d'impôts qu'ils ne devraient en France, où ils sont menacés d'une nouvelle taxation.

En février, c'est à l'Elysée que s'est réglé un bras de fer avec Google, qui a dû s'engager à financer à hauteur de 60 millions d'euros un fonds d'aide à la transition des médias français vers le numérique. (Edité par Dominique Rodriguez)