La première des grosses échéances de la semaine se profile. On aura droit aujourd'hui à une énième séance de type "compte à rebours" jusqu'à la publication à 14h30 des chiffres de l'inflation aux Etats-Unis en août. Pour rappel, les Européens publient des estimations d'inflation dès la fin du mois écoulé. En Allemagne, c'est même autour du dernier jour du mois. Les Etasuniens, eux, doivent patienter deux semaines de plus. Les économistes pensent que les prix ont accéléré entre juillet et août aux Etats-Unis, pour des raisons saisonnières et de base de comparaison. Ils anticipent 0,6% de hausse mensuelle et 3,6% d'inflation sur un an. Après respectivement 0,2% et 3,2% en juillet. L'inflation sous-jacente, ou core inflation, devrait en revanche se maintenir à 0,2% entre juillet et août. C'est ce chiffre, qui écarte les composantes les plus volatiles de l'évolution des prix, que les investisseurs scruteront de près pour essayer de savoir ce que fera la banque centrale américaine la semaine prochaine avec ses taux.

Pour l'heure, la probabilité d'un maintien des Fed Funds dans la fourchette 5,25 à 5,50% est de 93%, selon l'outil FedWatch du CME. Le marché assigne en outre une probabilité de 59% à un nouveau statu quo lors de la réunion suivante, prévue le 1er novembre. Les statistiques qui seront annoncées dans l'intervalle, à commencer par celle du jour, viendront jouer sur ces probabilités. La préférence des investisseurs va, cela va de soi, au maintien de données "tièdes", qui permettraient de confirmer leur scénario préféré : les taux directeurs américains sont sur leurs pics et ne peuvent, désormais, que se maintenir voire, soyons fous, baisser.

La toute-puissance des données macroéconomiques, qui partagent l'affiche boursière avec les prouesses présumées ou avérées des entreprises technologiques, n'aura échappé à personne. Elle est pourtant paradoxale parce que ces données sont de plus en plus nombreuses et… pas toujours fiables. Sans compter qu'elles influent les unes sur les autres, ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle compte-tenu du manque de fiabilité précité. C'est un sujet que j'aborde parfois mais qui a été brillamment synthétisé par James Mackintosh il y a quelques jours. Mackintosh écrit des éditos dans le Wall Street Journal depuis six ans, après avoir passé les vingt années précédentes au Financial Times. Autant dire que c'est une pointure. L'un des plus gros soucis qu'il a pu identifier sur les données dont nous sommes bombardés en continu est qu'elles créent des histoires qui s'avèrent parfois fausses après révision desdites données. Les investisseurs sont avides de statistiques les plus fraîches et les plus prospectives possibles, puisqu'elles sont censées permettre de mieux prévoir l'avenir. A ce titre, la capacité de l'Allemagne à produire sa première estimation d'inflation du mois d'août dès le 30 août est précieuse. Cette donnée passe à la moulinette d'une multitude de modèles économiques, entraîne des décisions d'investissement, fait bouger les curseurs obligataires, oriente la narration dans les médias… elle est lourde de conséquences. Et quand la donnée révisée, affinée, est fournie quelques jours plus tard, il va sans dire que son effet est moindre, vu tout ce qui a été mis en branle initialement. Pourtant elle diffère parfois, et peut même être, c'est plus rare, lourdement corrigée.

Dans son article, Mackintosh cite en exemple la mise à jour récente du PIB britannique. Les publications initiales ont nourri le feuilleton du pays en déclin, incapable de se redresser et désormais à la traîne de l'Allemagne, voire, pour ajouter l'injure à l'outrage, de la France et de l'Italie. Finalement, l'état des lieux s'est avéré faux. Pas jusqu'à dire que c'était la fête de la croissance outre-Manche, mais suffisamment pour que la réalité soit nettement moins sombre que ce qui avait été estimé à l'origine. Autre illustration aux Etats-Unis avec certaines données sur l'emploi. Paul Donovan, l'économiste en chef d'UBS Global Wealth Management cité dans l'article du WSJ, souligne que les rapports sur le marché du travail n'ont pas évolué avec les nouvelles pratiques comme le télétravail et que les entreprises y répondent de moins en moins. Apparemment, quelque 60% des entreprises répondaient à l'enquête sur les salaires aux Etats-Unis il y a 5 ans. Elles ne sont plus que 42%. Moins de la moitié donc. Quant à l'indicateur sur les offres d'emploi et la rotation de la main d'œuvre, elle ne repose plus que sur 32% des entreprises interrogées. Autant dire que la fiabilité de ces statistiques laisse à désirer, alors qu'elles sont souvent parole d'évangile lorsqu'elles sont publiées et qu'elles provoquent une cascade de réactions financières mais aussi parfois monétaires et politiques.

Voilà, c'est à méditer. En attendant, je passe de Mackintosh à Macintosh avec la période délicate qui se poursuit pour Apple. Le titre a souffert hier en bourse et n'est pas étranger à la baisse de 1,1% qui a affecté le Nasdaq. Il a cédé 1,7% dans le sillage de la conférence de rentrée présentant les innovations du groupe, dont l'iPhone 15. Pas de grosse surprise du côté du matériel, hormis la capitulation d'Apple face à la pression européenne de passer au standard "USB-C". Le titre est toujours plombé par la rumeur insistante selon laquelle Pékin a demandé aux membres de ses agences gouvernementales et des entreprises d'Etat de se passer d'iPhones. Les indices américains ont aussi été secoués par le plongeon de 14% d'Oracle, du jamais vu depuis 20 ans. L'éditeur de logiciels paie cash une lourde déception sur ses perspectives.

En Europe, les indices étaient partagés entre de légères hausses et des baisses modestes, en attendant la décision de la Banque centrale européenne demain. Pas grand-chose à dire de cette séance, au final, sinon que l'actif donc l'évolution est la plus à surveiller depuis quelques jours est le pétrole, avec un Brent qui est repassé au-dessus des 92 USD le baril, au plus haut depuis novembre 2022. Un renforcement des prix de l'énergie qui n'arrange probablement pas les affaires des banques centrales dans leur assaut final contre l'inflation.

Ce matin, nouvelle séance hétéroclite en Asie Pacifique, avec de légers gains au Japon (+0,15%), une stabilité en Corée du Sud et des pertes en Australie (-0,6%). La Chine continentale souffre (-1% à Shanghai) tandis que Hong Kong tient mieux mais recule de 0,1%. Les indicateurs avancés européens laissent entrevoir une ouverture en baisse. Le CAC40 perdait 0,37% à 7226 points à l'ouverture. Le SMI cédait 0,2% sous les 11 000 points.

Les temps forts économiques du jour

Les financiers vont surtout s'intéresser aujourd'hui à la production industrielle européenne de juillet, sera annoncée à 11h00, et à l'indice des prix à la consommation américains du mois d'août, prévus à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro est stable à 1,0747 USD. L'once d'or s'échange autour de 1910 USD. Le pétrole monte, avec un Brent de Mer du Nord à 92,26 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88,53 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 4,29%. Le bitcoin s'échange 25 860 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Morningstar maintient sa recommandation conserver avec un objectif de cours relevé de 35 CHF à 36,50 CHF.
  • Accor : JP Morgan maintient une recommandation neutre avec un objectif de cours augmenté de 37 EUR à 39 EUR.
  • Alstom : Barclays reprend le suivi à souspondérer en visant 16,50 EUR.
  • Aroundtown : Goldman Sachs maintient une recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 1,30 EUR à 1,50 EUR.
  • Associated British Foods : Goldman Sachs maintient une recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 2140 GBX à 2280 GBX. Morningstar dégrade sa recommandation d'achat à conserver en visant 2250 GBX.
  • Barry Callebaut : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2200 à 1900 CHF.
  • Bayer : JP Morgan reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 55 à 47 EUR.
  • CRH : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 62 à 61 EUR.
  • Dassault Systèmes : Barclays resta pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 40 à 37 EUR.
  • Diageo : Jefferies maintient sa recommandation conserve avec un objectif de cours réduit de 3600 GBX à 3500 GBX.
  • Dormakaba : Jefferies maintient sa recommandation achat avec un objectif de cours relevé de 480 CHF à 550 CHF.
  • Fevertree Drinks : Citi maintient une recommandation neutre avec un objectif de cours qui passe de 1340 à 1400 GBX.
  • Flughafen Zürich : Citi maintient sa recommandation achat avec un objectif de cours relevé de 190 CHF à 205 CHF.
  • Glencore : Morningstar passe de conserver à acheter en visant 510 GBX.
  • Golden Ocean : DNB Markets maintient sa recommandation achat avec un objectif de cours réduit de 142 à 106 NOK.
  • GVS : Goldman Sachs reste à vendre en visant 4,90 EUR.
  • Heidelberg Materials : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 80 à 85 EUR.
  • Holcim : JP Morgan maintient une recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 64 à 65 CHF.
  • Informa : JP Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 690 GBP à 740 GBX.
  • InPost : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 13 à 15 EUR.
  • Kingspan : JP Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 80 EUR.
  • Knorr-Bremse : Barclays reprend le suivi à souspondérer en visant 45 EUR.
  • London Stock Exchange : HSBC maintient une recommandation conserver avec un objectif de cours relevé de 7900 GBP à 8100 GBX.
  • Pandora : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 754 DKK.
  • Pearson : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 1190 à 1210 GBX.
  • Relx : JP Morgan maintient sa recommandation surpondérer avec un objectif de cours relevé de 3100 à 3170 GBX.
  • Rockwool : JP Morgan maintient une recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 1990 à 1960 DKK.
  • Saint-Gobain : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 74 à 73 EUR.
  • Schneider Electric : Morningstar maintient sa recommandation conserver avec un objectif de cours relevé de 160 EUR à 168 EUR.
  • Sika : JP Morgan reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 228 à 230 CHF.
  • Stadler Rail : BNP Paribas Exane reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 30 à 31,50 CHF.
  • Ubisoft : JP Morgan maintient une recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 25 à 26 EUR.
  • Whitbread : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 4400 à 4600 GBX.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus prévoit de fusionner ses activités Military Air Systems et Future Combat Air System dans le cadre de la réorganisation de sa division Defence and Space, selon des sources syndicales. Par ailleurs, le PDG Guillaume Faury indique sur CNBC que la demande pour les gros porteurs est plus forte désormais.
  • Le bras de fer continue à Detroit entre les trois constructeurs automobiles locaux, dont Stellantis, et les syndicats sur les salaires.
  • Trigano se renforce en France avec trois petites acquisitions.
  • JCDecaux remporte le contrat publicitaire de l'Aéroport de Bordeaux.
  • Compagnie Plastic Omnium signe un contrat d'achat d'électricité d'origine renouvelable avec EDF.
  • Elogen, société du groupe Gaztransport & Technigaz, signe un contrat pour un projet de mobilité en Corée du Sud.
  • OSE Immunotherapeutics s'est envolé de 61% hier et s'attire les faveurs de la presse généraliste après les résultats de son "vaccin anti-cancer".
  • Mercialys va s'offrir la société de gestion de portefeuille Imocom Partners.
  • Réalités a publié les modalités de sa distribution d'actions gratuites.
  • Metavisio pourra candidater aux appels d'offres de l'ONU.
  • Artmarket a mis en ligne le nouveau site Artprice.
  • Jadeo rempile avec BOA Concept.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Haulotte, Groupe Crit, Groupe Partouche, Fleury Michon, Sidetrade, Lucibel, CBo Territoria, AubayLinedata Services, Roche Bobois, LNA SantéEsker

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Inditex augmente ses bénéfices au premier semestre et vise la croissance en modérant ses hausses de prix.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • BP Plc a annoncé la démission "avec effet immédiat" de son directeur général Bernard Looney, accusé d'avoir caché des "relations personnelles" avec plusieurs collègues au sein du groupe. Le directeur financier Murray Auchincloss assurera l'intérim.
  • Apple reçoit l'ordre du régulateur français d'arrêter la vente de l'iPhone 12 en raison d'inquiétudes liées aux ondes électromagnétiques. Par ailleurs, le groupe cède et intègre le port de chargement universel requis par l'Europe. Le titre a perdu 1,7% hier après la présentation de ses nouveaux iPhones.
  • Les livraisons et les commandes de Boeing se replient en août.
  • En s'effondrant de 14%, Oracle signe sa plus forte baisse depuis 2002.
  • Aviva vend sa participation dans la coentreprise Singlife pour 1 milliard de dollars.
  • T-Mobile US achète des fréquences à Comcast pour un montant pouvant atteindre 3,3 Mds$.
  • Amazon prévoit d'augmenter les salaires de ses livreurs sous contrat.
  • Le fabricant allemand de chaussures de luxe Birkenstock dépose une demande d'introduction en bourse aux Etats-Unis.
  • Chevron achète la plus grande installation de stockage d'hydrogène au monde dans l'Utah.
  • Ithaca Energy achète à Shell les 30% restants dans le champ pétrolifère britannique de Cambo.
  • Intesa Sanpaolo et Bper s'associent à Homepal pour créer une société immobilière.
  • Les principales publications du jour : Exor, Inditex, Value LineToscana AeroportiFlughafen Wien AGThe North West CompanyLalique GroupThe Lovesac CompanyIris Energy LimitedTout l'agenda ici.

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