WASHINGTON, 28 janvier (Reuters) - L'expulsion des djihadistes de l'Etat islamique de la ville kurde de Kobani en Syrie a permis d'enrayer la progression du groupe islamiste mais n'est pas un tournant majeur dans la lutte d'ensemble contre l'EI, a estimé mardi un haut responsable du département d'Etat américain.

"Personne n'est en train de déclarer mission accomplie", a dit ce responsable sous le sceau de l'anonymat.

"Environ 90% de la ville a été reprise et l'EIIL, que ce soit sur ordre, ou du fait qu'ils rompent simplement les rangs, est en train de se retirer de la ville", a-t-il déclaré à la presse en utilisant l'ancien acronyme de l'EI.

"Le nombre de combattants étrangers tués à Kobani est très important", a-t-il ajouté en précisant qu'il y en avait plus de mille.

L'EI a lancé son offensive sur Kobani en septembre à l'aide des armes lourdes dont il s'était emparé en Irak, contraignant des milliers de personnes à fuir de l'autre côté de la frontière, en Turquie.

Selon le responsable, les djihadistes de l'EI à Kobani faisaient partie des meilleurs combattants étrangers de l'EI, venus de Tchétchénie, du Canada, d'Australie et de Belgique.

La chute totale de Kobani, devenue ville symbole de la lutte de la communauté internationale contre l'EI en Syrie, a été empêchée semble-t-il par deux actions importantes fin septembre : un parachutage d'armes des Etats-Unis aux défenseurs kurdes et le feu vert donné par la Turquie aux renforts kurdes venus d'Irak de traverser la frontière.

"Si on n'avait pas fait ces deux choses, c'en aurait été fait de Kobani et on aurait vu un nouveau massacre", a déclaré le responsable.

Ensuite, les avancées sur le terrain ont pu se faire une fois ouvert un corridor terrestre entre la Turquie et Kobani, permettant d'approvisionner les combattants kurdes, soutenus par les frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Au Pentagone, le responsable des relations avec la presse, le contre-amiral John Kirby, a confirmé cette interprétation. "Les frappes aériennes ont beaucoup aidé. Ça a aidé quand nous avons eu (...) un partenaire sur qui compter sur le terrain, là-bas, qui pouvait nous aider à cibler ces frappes", a déclaré le militaire américain.

(Lesley Wroughton; Danielle Rouquié pour le service français)