PARIS (awp/afp) - Les banques centrales resteront au coeur des préoccupations de la Bourse de Paris et de ses voisines européennes la semaine prochaine, les marchés se tournant vers les Etats-Unis où la Réserve fédérale (Fed) s'exprimera à son tour.

Mettant de côté leurs questions sur la Banque centrale européenne (BCE), les investisseurs seront attentifs aux propos de la présidente de la Fed, Janet Yellen, jeudi, pour tenter d'avoir davantage de précisions sur les intentions de l'institution, engagée sur la voie d'une normalisation monétaire.

Si Mme Yellen avait récemment rassuré les marchés avec des propos jugés accommodants devant le Congrès américain, les analystes ne s'attendent cependant pas à une inflexion à l'issue de la réunion de deux jours du Comité de politique monétaire.

"Son positionnement est beaucoup plus clair que celui de la BCE", estime ainsi Florence Barjou, responsable de la gestion multi-actifs chez Lyxor.

Les banquiers "vont commencer à réduire leur bilan en septembre probablement, et nous verrons s'ils relèvent leurs taux d'intérêts en décembre ou pas, mais la direction est clairement affichée", poursuit-elle.

"Nous pensons toujours que la Fed va relever ses taux fin 2017, même si l'inflation est relativement faible", anticipe de son côté Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM, interrogé par l'AFP.

Par ailleurs, un certain nombre de statistiques viendront donner des renseignements sur la santé économique des deux côtés de l'Atlantique, avec notamment les indices PMI des directeurs d'achats aux Etats-Unis, ainsi que le baromètre Ifo du moral des entrepreneurs allemands.

"Ce sera la semaine des indices de la confiance des entreprises", résume Frédéric Rollin.

Entre Fed et statistiques, les prochains jours s'annoncent décidément animés pour les opérateurs de marché, qui auront aussi à disséquer de nombreux résultats d'entreprises.

L'Allemagne se lancera dans la danse avec à l'agenda BASF, Bayer ou encore Volkswagen. A Londres aussi, les poids lourds seront de la partie, avec la géante pétrolière Royal Dutch Shell ou encore le laboratoire pharmaceutique GSK, tandis qu'à Paris les publications de PSA ou Danone sont notamment au programme.

- Forte appréciation de l'euro -

Cette semaine pourrait permettre de dégager une tendance plus claire après les résultats dévoilés dernièrement.

"En Europe, la saison des résultats démarre mollement, alors qu'au premier trimestre les publications avaient surpris à la hausse", commente Mme Barjou.

Même son de cloche pour Frédéric Rollin, qui estime que la plus grande partie des bonnes nouvelles macroéconomiques se sont concentrées en début d'année.

Depuis, dit-il, "quelques déceptions sur l'économie américaine ont pesé sur les entreprises".

Dans ces conditions, les marchés du continent européen ont peiné à garder le cap la semaine écoulée, d'autant plus qu'ils ont été en outre pénalisés par une forte appréciation de l'euro face au dollar.

Et les propos de Mario Draghi, le président de la BCE, à l'issue de la réunion de politique monétaire de l'institution jeudi, n'ont pas suffi à changer la tendance.

Son discours a été diversement apprécié par les opérateurs de marché, divisés sur la conclusion à en tirer, la mention de discussions probables à l'automne sur le programme d'achats d'actifs rendant les investisseurs frileux.

"Le marché a le sentiment que Mario Draghi est assez positif sur l'économie de la zone euro. Dans un certain sens, cela confirme ses précédents discours qui vont vers une forme de resserrement de la politique monétaire", souligne M. Rollin.

Dans la foulée de ce discours, l'euro a d'ailleurs poursuivi sa progression, mettant à mal les entreprises exportatrices. Un mouvement qui pourrait peut-être s'apaiser ces prochains jours en fonction du ton qu'adoptera la Fed.

Si celle-ci poursuit son resserrement monétaire, "nous pouvons espérer que le mouvement de dépréciation du dollar se retourne un peu et qu'on retrouve un peu de soutien pour les actions européennes", estime ainsi Mme Barjou.

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