(Actualisé avec le ministre grec de l'Economie)

par Lefteris Papadimas

ATHÈNES, 27 mai (Reuters) - Le gouvernement grec a dit mercredi que les travaux de rédaction d'un projet d'accord avec les créanciers avaient commencé, ouvrant ainsi la voie au déblocage d'une aide financière, mais des hauts fonctionnaires européens ont rapidement démenti ces propos, estimant qu'il s'agissait plutôt d'un voeu pieux.

Sans accord entre la Grèce et ses bailleurs de fonds sur un programme de réformes, Athènes risque le défaut de paiement, voire la faillite, en l'espace de quelques semaines.

La Grèce doit rembourser 300 millions d'euros au Fonds monétaire international (FMI) le 5 juin et plusieurs responsables gouvernementaux disent qu'elle n'a pas les moyens de le faire.

De nouvelles discussions ont démarré mercredi à Bruxelles et un haut fonctionnaire du gouvernement grec a dit que la Grèce et ses créanciers avaient entamé la rédaction d'un projet d'accord allant dans le sens d'Athènes, qui ne veut pas entendre parler d'une réduction des salaires et des retraites et qui souhaite un objectif d'excédent primaire bas dans un premier temps.

"Au Groupe de Bruxelles aujourd'hui, les procédures pour rédiger un accord au niveau des négociateurs commencent", a-t-il dit en référence aux pourparlers entre Athènes, la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI.

Il a ajouté que le Premier ministre, Alexis Tsipras, serait en contact permanent avec d'autres dirigeants pour conclure un accord.

Le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis a toutefois déclaré que la Grèce et ses créanciers étaient encore loin d'un accord. "Nous travaillons très intensivement afin de permettre un accord au niveau des experts. Nous n'y sommes pas encore parvenus", a-t-il dit.

D'autres responsables de la zone euro ont été plus directs. L'un d'entre eux a dit que les propos d'Athènes n'avaient aucun sens. Un autre a déclaré: "Si au moins c'était vrai".

PLUS D'EFFORTS

S'exprimant depuis Dresde, où se tient une réunion des ministres des Finances du Groupe des Sept (G7), une source de la délégation allemande a dit que les choses n'avaient guère progressé en vue de sceller un accord.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a lui aussi déclaré dans une interview à la télévision ARD que les négociations n'avaient pas beaucoup avancé et s'est étonné de l'optimisme affiché par les responsables grecs.

"On entend toutes ces nouvelles positives venant de Grèce, c'est bien", a-t-il dit. "Mais concrètement, nous n'avons pas beaucoup avancé dans les négociations entre les trois institutions et le gouvernement grec."

"C'est pourquoi je suis surpris par ce qui est dit à Athènes tout le temps, notamment que nous sommes proches d'un accord."

Le président du groupe des ministres des Finances de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, a souligné de son côté que la Grèce devait faire plus d'efforts si elle voulait parvenir à un accord.

"Ils doivent vraiment fournir de plus gros efforts pour arriver à la dernière ligne droite", a-t-il déclaré à Reuters en marge de la réunion des ministres des Finances du G7.

"Ils ont toujours été plus optimistes", a-t-il ajouté.

Côté grec, Euclide Tsakalotos, vice-ministre grec des Affaires étrangères, a déclaré au Frankfurter Allgemeine Zeitung que les deux parties discutaient non seulement des conditions de bouclage du programme d'aide en cours mais aussi des conditions d'une aide supplémentaire.

"Les deux processus de négociation se sont à présent combinés, pratiquement d'eux-mêmes", a-t-il dit, ajoutant que la décision définitive sur une nouvelle aide à la Grèce et sur son avenir économique interviendrait dans les deux semaines à venir.

Alexis Tsipras lui-même a déclaré que son gouvernement était dans "la dernière manche" des discussions et que les modalités d'un accord seraient présentées prochainement.

DERNIÈRE MANCHE

"Nous sommes dans la dernière manche, il est évident que le calme et la détermination s'imposent", a-t-il dit à des journalistes après une réunion ministérielle consacrée aux discussions. "Nous ne sommes pas les seuls impliqués, nous traitons avec trois institutions différentes qui ont souvent des vues divergentes."

Le ministre grec de l'Economie a précisé qu'ils avaient rapproché leurs points de vue sur des éléments essentiels, tout en reconnaissant qu'il y avait encore du chemin à faire.

"Pour l'instant, les négociations se poursuivent (...) il y a eu de grands points de convergence", a déclaré George Stathakis dans une interview à la télévision grecque Mega TV. "Il y a encore du chemin à parcourir dans les négociations."

Il a ajouté que la Grèce n'avait pas de "plan B" malgré les menaces de certains ministres ayant affirmé qu'Athènes pourrait être en défaut sur sa dette au FMI si elle n'obtient pas d'aide.

"Je pense qu'un accord est la seule voie possible, sinon nous entrons en territoire inconnu", a déclaré le ministre.

Il a ajouté qu'il n'y aurait qu'un accord global.

"L'accord couvrira la série de mesures pour cette année et 2016 et la façon dont le besoin de financement sera comblé, en association avec la question de la dette", a-t-il dit.

Interrogé sur les fonds nécessaires, il a répondu: "Si on laisse la dette telle qu'elle est, il pourrait falloir 30 milliards d'euros. Si la problème de la dette est traité, le besoin (de financement) pourrait être de 10 milliards d'euros."

Quant au secrétaire américain au Trésor Jack Lew, il a appelé les créanciers de la Grèce à faire preuve de plus de souplesse afin d'éviter un défaut de paiement et une sortie de la zone euro, qui auraient des conséquences incalculables.

"Mon inquiétude n'est pas l'absence de bonnes volonté des parties -- je ne pense pas que qui que ce soit souhaite un échec -- mais (...) une erreur d'appréciation pourrait déboucher sur une crise qui serait potentiellement très néfaste", a-t-il dit à Londres à des étudiants de la London School of Economics.

"Le défi pour les Européens, les institutions politiques et économiques -- le FMI -- est de faire preuve de souplesse,", a-t-il ajouté avant d'aller à Dresde pour la réunion du G7. (Deepa Babington, avec Michelle Martin, Jan Strupczewski à Bruxelles et Renee Maltezou à Athènes, Marc Angrand, Wilfrid Exbrayat et Juliette Rouillon pour le service français)