WASHINGTON, 3 août (Reuters) - Plusieurs organisations du monde sportif réclament des investigations approfondies sur les nouvelles allégations de dopage à grande échelle dans l'athlétisme, qui menacent de déclencher une nouvelle crise mondiale à quelques jours des championnats du monde de la discipline.

L'agence antidopage américaine, l'USADA, a plaidé dimanche par la voix de son directeur général, Travis Tygart, en faveur d'un "examen approfondi et offensif" afin de protéger les athlètes propres, après les révélations du Sunday Times britannique et du groupe de radio-diffusion allemand ARD/WDR selon lesquelles les échantillons sanguins de quelque 800 athlètes sur plus de 5.000 testés en 11 ans étaient "anormaux" ou "suggéraient grandement" un dopage.

Reuters n'a pas pu obtenir confirmation de ces informations. Le Sunday Times et ARD/WDR n'affirment pas que des athlètes ont échoué aux tests mais simplement que leurs échantillons sanguins étaient anormaux.

Des tests sanguins anormaux ne sont pas en eux-mêmes une preuve de dopage, mais la publication de ces données risque d'embarrasser la Fédération internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) à moins d'un mois des championnats du monde d'athlétisme à Pékin.

L'Agence mondiale antidopage (Ama) s'est dite "très préoccupée" par ces informations, selon lesquelles, notamment, des coureurs de fond soupçonnés de se doper ont remporté un tiers des médailles de leur discipline aux Jeux olympiques et aux championnats de monde sur la période concernée.

"TOLÉRANCE ZÉRO"

La fédération australienne d'athlétisme (AA) a salué lundi dans un communiqué la décision de l'Ama d'ouvrir une enquête sur des allégations qu'elle juge "alarmantes" en ajoutant s'efforcer elle-même de réunir de nouvelles informations.

L'IAAF, elle, n'a pour l'instant publié aucune réaction détaillée aux informations de presse publiées dimanche, se contentant de noter qu'elles reposaient sur des informations confidentielles obtenues sans autorisation.

Son vice-président Sergueï Boubka a affirmé que l'IAAF pratiquait la "tolérance zéro" en matière de dopage.

"Nous n'allons pas cesser le combat. Si nous devons changer les règles et les règlements, nous le ferons", a-t-il ajouté.

L'Ukrainien, ancien champion du monde de saut à la perche, est l'un des candidats à la succession de Lamine Diack à la présidence de la fédération internationale, également convoitée, entre autres, par le Britannique Sebastian Coe.

Alors qu'un nombre important des échantillons sanguins "anormaux" concernent des sportifs russe selon la presse, le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, a déclaré que ces allégations n'avaient "rien à voir avec la Russie" et qu'elles relevaient d'une lutte pour le pouvoir au sein de la direction de l'IAAF.

Le nouveau président de l'IAAF doit être élu le 19 août à Pékin, trois jours avant le début des championnats du monde organisé dans la capitale chinoise.

(Steve Ginsburg, avec Lincoln Feast à Sydney, Ben Blanchard à Pékin et Julian Linden à Singapour; Marc Angrand pour le service français)