par Aleksandar Vasovic

SLAVIANSK, Ukraine, 20 avril (Reuters) - Une fusillade s'est produite tôt dimanche matin à un barrage tenu par des séparatistes pro-Russes près de Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine, fragilisant la situation trois jours à peine après la signature de l'accord de Genève visant à un apaisement.

D'après les séparatistes, l'attaque a fait cinq morts, trois militants tenant le checkpoint et deux agresseurs.

Les assaillants, a dit un militant séparatiste sur place, sont des membres de Secteur Droit, un groupe nationaliste d'extrême droite qui a gagné en importance à mesure que se poursuivait la contestation à Kiev qui a conduit à la chute du président Viktor Ianoukovitch.

A Kiev, un responsable du ministère de l'Intérieur a fait état d'un mort et trois blessés dans un incident armé impliquant "deux groupes de civils". La police tente d'établir les faits, a ajouté le ministère.

Cet accrochage, première attaque meurtrière signalée depuis la signature de l'accord de Genève, jeudi, intervient en dépit de la trêve proclamée pour Pâques par le pouvoir central.

Le ministère russe des Affaires étrangères y a vu le signe que les autorités ukrainiennes en place à Kiev n'avaient pas la "volonté de réfréner et de désarmer les nationalistes et les extrémistes".

"La Russie insiste sur la stricte application par l'Ukraine des engagements qu'elle a pris pour apaiser la situation dans le sud-est de l'Ukraine", ajoute le ministère dans un communiqué.

Négociée et signée jeudi soir par l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, la déclaration de Genève appelle notamment au désarmement de "tous les groupes armés illégaux". (voir )

DIFFICILE MÉDIATION POUR L'OSCE

Arrivée sur les lieux, à une vingtaine de km à l'ouest de Slaviansk, une équipe de Reuters TV a vu deux cadavres, dont l'un présente des impacts de balles au visage.

Selon le témoignage du militant pro-russe, les assaillants sont arrivés à bord de quatre voitures très tôt dimanche matin. "Un de nos hommes s'est approché d'eux. Ils lui ont tiré dans la tête et il est tombé sur le coup. Il y avait aussi des tirs de sniper", a poursuivi Vladimir.

Deux autres séparatistes ont péri dans la fusillade qui a suivi, fatale également à deux agresseurs, a-t-il ajouté.

Un médiateur de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se trouvait dimanche à Donetsk, la plus grande ville de l'est de l'Ukraine à une centaine de km au sud de Slaviansk, où il doit tenter de négocier la reddition des séparatistes pro-russes qui occupent des bâtiments publics depuis deux semaines et réclament un référendum d'autodétermination.

La tâche qui attend le diplomate britannique Mark Etherington s'annonce très dure.

"Pour l'instant, la volonté politique de se retirer est absente", reconnaissait samedi un membre de la mission de l'OSCE à Kiev, avant qu'il ne soit fait état de cette fusillade meurtrière à Slaviansk. (avec Dmitry Madorsky et Gleb Garanich à Slaviansk, Christian Lowe à Moscou et Thomas Grove à Kiev; Henri-Pierre André pour le service français)