par Corina Pons

CARACAS, 20 janvier (Reuters) - Les prix à la consommation au Venezuela ont bondi de 800% en 2016 tandis que le produit intérieur brut (PIB) s'effondrait de 18,6% selon des chiffres provisoires établis par la banque centrale que Reuters a pu se procurer.

Il s'agit de la plus forte contraction de l'économie du pays depuis 13 ans et de l'inflation la plus élevée jamais enregistrée.

La chute des cours du baril a renvoyé le Venezuela, membre de l'Opep et ex-économie pétrolière florissante, à ses pires souvenirs de l'époque de la fin de l'URSS, avec des pénuries récurrentes de produits de base et une raréfaction des devises étrangères qui handicape l'ensemble de l'économie.

Le président Nicolas Maduro et son gouvernement expliquent cette situation par une "guerre économique" menée par leurs adversaires politiques avec le soutien des Etats-Unis.

La banque centrale, elle, a cessé de publier des statistiques mensuelles et trimestrielles.

Le secteur pétrolier, qui est pratiquement l'unique source de devises du pays, a vu son activité baisser de 12,7% l'an dernier selon un extrait d'un document rassemblant les statistiques 2016 que Reuters a pu consulter. Dans le secteur non-pétrolier, la contraction a atteint 19,5%.

Ces chiffres peuvent encore être corrigés avant d'être validés par le conseil d'administration de la banque centrale, a-t-on précisé de source directement informé de la procédure.

"CE CHIFFRE EST COMPLÈTEMENT FOU", DIT LE VICE-PRÉSIDENT

Le vice-président Ramon Lobo a émis des doutes sur la véracité du chiffre de l'inflation publié par Reuters, mais il s'est refusé à en donner un autre.

"Attendons que la banque centrale l'annonce, mais ce chiffre est complètement fou", a-t-il dit à des journalistes, tout en reconnaissant que l'économie était confrontée à une situation "difficile".

En 2015, le PIB vénézuélien s'était contracté de 5,7% et l'inflation avait été de 180,9%, toujours selon la banque centrale.

Pour Nicolas Maduro, l'inflation est la conséquence d'une manipulation spéculative des prix par des capitalistes sans scrupules, mais il assure les travailleurs ont vu leur situation s'améliorer en 2016 grâce à la hausse de 454% au total du salaire minimum.

"En un an, nous avons relevé à cinq reprises le salaire minimum et je dis aujourd'hui que (ces hausses) sont bien supérieures à l'inflation de 2016", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en début de semaine, sans préciser l'ampleur de la hausse des prix.

Le contrôle des changes très strict imposé par Caracas empêche les entreprises de s'approvisionner en dollars, ce qui freine les importations et provoque des pénuries de matières premières, de pièces détachées et donc de produits finis.

La crainte de voir le Venezuela faire défaut sur sa dette extérieure s'est par ailleurs traduite par une envolée des rendements de ses obligations, les investisseurs exigeant en moyenne 21 points de pourcentage de plus que pour les emprunts du Trésor américain de même échéance.

Maduro a démenti des rumeurs de défaut de la compagnie pétrolière publique PDVSA sur sa dette.

(Marc Angrand pour le service français)