(Bilan actualisé)

par Steve Scherer

ACCUMOLI, Italie, 24 août (Reuters) - Au moins 159 personnes sont mortes après le tremblement de terre de magnitude 6,2 qui a secoué aux premières heures de mercredi une région montagneuse du centre de l'Italie et laissé des milliers d'habitants sans abri, a annoncé mercredi soir la Protection civile italienne.

Les sauveteurs vont continuer à chercher des corps et des survivants dans les villages dévastés pendant toute la nuit, ont indiqué les autorités.

"Je suis sous le choc de ce que j'ai vu. Nous n'avons pas arrêté de creuser de la journée", raconte Marcello di Marco, un paysan de 34 ans venu de Narni, une ville située à une centaine de km de l'épicentre du séisme, pour aider les secouristes dans le village de Pescara del Tronto.

Des dégâts ont été signalés en Ombrie, dans le Latium et dans les Marches. Les communes les plus affectées sont Accumoli, Amatrice, Posta et Arquata del Tronto.

Dans les 12 heures qui ont suivi la secousse initiale, 150 répliques ont été enregistrées, dont la plus forte a atteint la magnitude de 5,5.

L'épicentre a été localisé près de Norcia, ville touristique d'Ombrie, et à 4 km de profondeur seulement, ce qui explique que les dégâts aient été si importants.

Les services de secours ont diffusé une photo aérienne d'Amatrice qui montre des quartiers entiers dévastés. D'après un journaliste de Reuters sur place, l'hôpital d'Amatrice a été sévèrement endommagé et des patients ont dû sortir dans la rue.

"La ville a disparu aux trois quarts", a déclaré le maire d'Amatrice, Sergio Pirozzi, à la radiotélévision nationale, la RAI. "L'objectif, maintenant, c'est de sauver le plus de vies possible. On entend des voix sous les décombres, nous devons sauver les personnes qui sont bloquées là".

"C'est terrible", a raconté Giancarlo, un rescapé, assis au milieu de la route en sous-vêtements. "J'ai 65 ans et je n'avais jamais vécu une chose pareille. De petites secousses, oui, mais rien d'aussi fort. C'est une catastrophe."

A Accumoli non loin de là, le maire, Stefano Petrucci, a parlé de 2.500 sans-abri dans la commune, qui regroupe 17 hameaux.

"LE JOUR DES LARMES"

La France a proposé son aide à l'Italie, a annoncé l'Elysée, déplorant une "terrible tragédie". La chancelière allemande Angela Merkel, en déplacement à Tallinn en Estonie, a également annoncé que son pays était prêt à fournir toute l'assistance nécessaire.

Au Vatican, le pape François a annulé une partie de son audience générale afin de prier pour les victimes du séisme. Le souverain pontife a décidé d'envoyer des pompiers du Vatican sur les lieux de la catastrophe.

"Je suis profondément attristé d'entendre le maire d'Amatrice dire que la ville n'existe plus et que des enfants sont au nombre des victimes", a dit François à des dizaines de milliers de fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre.

Les autorités italiennes ont fait appel à l'armée et 235 millions d'euros ont été débloqués.

Le président du Conseil, Matteo Renzi, a appelé à l'unité nationale après sa visite sur les lieux de la catastrophe. "Nous, les Italiens, sommes très forts pour débattre et polémiquer mais maintenant, levons-nous en solidarité et avec fierté aux côtés de ceux qui portent secours aux autres", a-t-il déclaré.

"Aujourd'hui, c'est le jour des larmes. Demain, nous parlerons de la reconstruction", a-t-il ajouté.

A Rome, qui est située à 170 km environ de l'épicentre du séisme, de fortes secousses ont réveillé les habitants. Les meubles ont tremblé et la lumière a vacillé dans une grande partie du centre de l'Italie.

Le précédent gros tremblement de terre survenu en Italie remontait à 2009. Il avait frappé L'Aquila, dans les Abruzzes, et fait plus de 300 morts.

L'Italie s'étend sur deux lignes de faille, ce qui en fait l'un des pays européens les plus actifs sur le plan sismique. Le tremblement de terre le plus meurtrier depuis le début du XXe siècle dans la Péninsule est survenu en 1908. Il avait engendré un raz de marée et 80.000 personnes avaient péri dans la catastrophe dans les régions de la Calabre et de la Sicile.

(avec Crispian Balmer, Philip Pullella, Gavin Jones, Giuilia Segreti, Stephen Jewkes et Eleanor Biles; Danielle Rouquié, Jean-Philippe Lefief, Eric Faye et Tangi Salaün pour le service français)