PARIS, 13 octobre (Reuters) - La Française Audrey Azoulay, qui s'est imposée au "finish" dans l'âpre élection pour la direction générale de l'Unesco, hérite d'une organisation paralysée par les problèmes financiers et les conflits politiques avec l'ambition de lui redonner sa vocation originelle.

A 45 ans, l'ancienne ministre de la Culture, qui aime à citer Simone Veil pour modèle, prendra la succession d'Irina Bokova à la fin de l'année, dans une période de crise aggravée par le retrait des Etats-Unis et d'Israël.

Elle entend renforcer l'action de l'organisation en faveur de l'éducation, "ferment de développement et d'égalité entre les sexes", promet de refonder l'ambition culturelle de l'Unesco et d'en faire un acteur de référence du développement durable.

"Les enjeux cruciaux auxquels nous devons collectivement faire face nécessitent que l’organisation puisse agir plus rapidement, avec une méthode de gouvernance claire, compréhensible et efficace", déclare-t-elle dans sa profession de foi.

"C’est pourquoi il faut poursuivre les efforts afin qu’elle puisse être plus présente sur le terrain, au plus près des Etats et des populations", ajoute-t-elle, appelant à "une plus grande visibilité des fonds disponibles".

La candidature de cette protégée de François Hollande, soutenue par Emmanuel Macron, avait été déposée in extremis le 15 mars dernier, déclenchant la colère des pays arabes qui estimaient que la direction générale devait enfin leur revenir.

"LA CONSCIENCE DES NATIONS UNIES"

Une pétition à son encontre, signée d'une cinquantaine de grands noms de la culture arabe, avaient été remise en juin dernier au chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, alors qu'il se trouvait en visite officielle au Caire.

Issue d'une famille juive marocaine, Audrey Azoulay incarne à sa manière le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée.

Elle est la fille de l'écrivaine Katia Brami et du conseiller des souverains marocains Hassan II et Mohammed VI, l'économiste André Azoulay, de confession juive, qui prône le dialogue interreligieux et milite pour la création d'un Etat palestinien au côté d'Israël.

Nommée conseillère pour la Culture et la Communication à l'Elysée en septembre 2014, cet énarque multidiplômée avait été nommée contre toute attente au ministère de la Culture et de la Communication en février 2016, en remplacement de Fleur Pellerin.

Après une maîtrise des sciences de gestion à l'université Paris-Dauphine et un master en administration des affaires (MBA) à l'université de Lancaster au Royaume-Uni, elle avait intégré Sciences Po Paris puis l'Ena.

Ses collaborateurs saluent son énergie sous une apparente discrétion, sa passion érudite du cinéma - elle fut neuf ans au Centre national du cinéma (CNC) - et son sens de la diplomatie.

"Léon Blum disait que l'Unesco devait être la 'conscience' des Nations unies, c'est bien cela que nous devons retrouver", a-t-elle déclaré vendredi. (Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)