"L’Idate (ex Institut de l'audiovisuel et des télécommunications) estime que l’arrivée d’un 4e opérateur sur le marché français de la téléphonie mobile est à « contre-cycle ». Pourquoi ?

L’expression renvoie à l’opposition apparente entre cette ouverture et le mouvement de consolidation qui traverse aujourd’hui l’Europe. L’ouverture des marchés mobiles, en particulier à l’occasion de l’attribution des licences 3G au début des années 2000, était conduite dans un contexte de développement très différent de celui que l’on connaît ces dernières années. On assiste plutôt aujourd’hui à des regroupements, avec des consolidations déjà aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Autriche et qui devraient se poursuivre en Allemagne, en Belgique, en Suisse…

Le marché français des télécoms est-il suffisamment concurrentiel ?

Le marché français des mobiles peut sans doute être considéré comme concurrentiel si l’on se réfère aux prix, et en particulier à leur évolution récente, d’abord avec l’effet des offres low cost dans la voix portées par les MVNO (opérateurs mobiles virtuels, ndlr) puis relayées par les marques dédiées des opérateurs, et plus largement en incluant les données cette fois depuis l’arrivée de Free Mobile. Il reste en revanche des marges de progrès en matière de différenciation, pour répondre à des besoins variés à travers des offres aux contenus et niveaux de qualité plus discriminés. L’introduction du très haut débit dans le fixe, et de la 4G dans le mobile, doit être l’occasion d’une nouvelle expression de la concurrence entre les opérateurs, et d’offres différenciées pour les différentes catégories de consommateurs.

Quels sont les opérateurs les plus menacés par l’arrivée de Free ?

Tous les opérateurs sont évidemment touchés par cette arrivée et les trois principaux concurrents de Free ont d’ailleurs annoncé un impact sensible sur leur chiffre d’affaires 2012, avec des réductions de l’ordre de 10% pour chacun. Il est trop tôt pour savoir lesquels seront le plus impactés à terme en matière de part de marché, de revenus et de marge. Cela dépend naturellement de leurs réactions : leur capacité à faire face aux offres low cost de Free, par des offres attractives et une baisse de leurs charges, mais aussi leur capacité à se différencier dans la qualité des accès réseau et la relation avec le consommateur
Pour les MVNO, on pourrait assister à un clivage entre ceux qui, à l’instar de Virgin Mobile, ont décidé d’investir directement dans l’ingénierie des offres et la gestion des abonnés, et les plus petits, low cost et/ou ethniques, qui, attaqués frontalement sur les prix, voient leurs marges de manœuvre dangereusement restreintes.

La guerre tarifaire va-t-elle entraîner une baisse de l’investissement dans les réseaux ?
Soit on va vers une guerre des prix destructrice. Soit l’entrée de Free pousse certains opérateurs à reprendre l’initiative dans le développement d’offres innovantes. On a le sentiment que les concurrents de Free semblent s’engager à marche forcée vers le déploiement de réseaux de nouvelle génération, HSPA+ ou LTE selon les cas. Les contraintes économiques devraient dans le même temps les inciter à rechercher à rationaliser au mieux leur effort, à travers différentes formes de partage, co-investissement, etc.
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