(Précisions, réactions OSCE, Londres)

BAKOU, 1er septembre (Reuters) - La journaliste azerbaïdjanaise Khadija Ismaïlova, qui travaille pour la station Radio Free Europe/Radio Liberty, a été condamnée mardi à sept ans et demi de prison pour activités illégales, évasion fiscale et abus de pouvoir.

Détenue depuis décembre 2014, considérée comme une prisonnière de conscience par Amnesty International, la journaliste d'investigation, qui est âgée de 39 ans, s'est spécialisée dans les enquêtes sur la corruption dans les cercles du pouvoir et sur les contrats d'affaires impliquant le président Ilham Aline et sa famille.

Lors de son procès devant un tribunal de Bakou, la capitale, les procureurs avaient requis neuf ans de prison à son encontre.

"Nous sommes en désaccord avec ce verdict et nous envisageons de faire appel. Cette condamnation n'est pas justifiée et a été ordonnée à l'avance", a déclaré à Reuters son avocat, Farid Khamazly.

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), financée par des fonds fédéraux américains, a dénoncé un procès politique contre sa collaboratrice. "Les charges portées contre elle étaient sans fondement et la procédure n'a pas été respectée lors de son procès. Les autorités ont simplement décidé de la réduire au silence à tout prix", a réagi dans un communiqué le rédacteur en chef de RFE/RL, Nenad Pejic.

L'association Reporters sans Frontières (RSF) estime pour sa part que "le seul tort de la journaliste est d'avoir enquêté avec courage et obstination sur la corruption au sommet de l'Etat" et ajoute que "ce verdict envoie un signal d'intimidation extrêmement fort à ses collègues azerbaïdjanais".

L'Assemblée parlementaire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a dénoncé un procès politique contre une journaliste engagée contre la corruption.

Le ministre britannique chargé des affaires européennes, David Lidington, a exhorté les autorités azerbaïdjanaises à revoir ce dossier "de manière transparente". (Nailia Bagirova; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)