Comme beaucoup de ses homologues, l’autorité monétaire américaine est en charge, entre autres choses, d’assurer la stabilité des prix. Pour mener à bien cette tâche, la FED se fixe un objectif d’inflation à 2% annuel, un seuil plutôt standard qui permet de se laisser une marge vis-à-vis du risque déflationniste tout en combattant une accélération trop franche des prix, synonyme de surchauffe et généralement annonciatrice d’un atterrissage brutal de l’économie.

Le comité de la Réserve Fédérale (FOMC) se réunit huit fois par an. Une fois sur deux, en mars, juin, septembre et décembre, une conférence de presse du président de l’institution accompagne la décision de politique monétaire. Ces échéances ont ainsi tendance à centraliser les annonces principales.

De façon schématique, on distingue principalement deux cycles dans la politique monétaire. Lorsque l’activité a besoin d’être soutenue, la banque centrale assouplit sa politique, ce qui réduit l’attractivité de la devise américaine. Quand à l’inverse, l’économie tourne à plein régime, on parle de restriction ou de resserrement monétaire et le Dollar attire davantage l’attention des investisseurs.

C’est ainsi qu’avec l’éclatement de la crise des subprimes, entrainant à la fin des années 2000 une profonde récession, un recul des prix et une explosion du taux de chômage aux Etats-Unis, la FED fut contrainte de progressivement baisser son taux directeur jusqu’à un niveau proche de 0% puis d’injecter des liquidités nouvelles dans des marchés asséchés à travers trois grands programmes d’assouplissement quantitatif, les fameux « quantitative easing » (QE).

Un taux directeur moins élevé relance le crédit mais sous-entend que conserver des dollars américains est moins rémunérateur. Dans le cas extrême de taux négatifs, comme en Suisse ou au Japon, les investisseurs peuvent même être contraints de payer pour détenir des francs ou des yens. De la même façon, l’augmentation de la masse monétaire par la création d’une nouvelle liquidité contribue à rendre une monnaie moins rare et à mécaniquement diluer sa valeur.

Mais avec la concrétisation de la relance au début des années 2010, la Réserve Fédérale a alors commencé à normaliser une politique dite non-conventionnelle. D’abord en diminuant progressivement ses rachats d’actifs jusqu’à les interrompre en totalité. Ce processus appelé « tapering » s’est étalé de décembre 2013 à octobre 2014. En décembre 2015 survenait une première hausse de taux d’un quart de point. Puis une deuxième en décembre 2016. En 2017, trois nouveaux relèvements venaient confirmer le recul plus prononcé du soutien de la banque centrale, amplifié en septembre par l’annonce d’une réduction du bilan de la FED, via le non rachat de titres arrivés à échéance et qui avaIent été acquis dans le cadre des QE. En 2018, si les projections des argentiers américains prévoient toujours trois hausses de taux, dont la première fut déjà annoncée au mois de mars, les investisseurs parient de plus en plus sur l’hypothèse d’un tour de vis supplémentaire.

En effet, alors que le niveau du taux de chômage semble compatible avec celui du plein emploi, un autre objectif de la FED, son baromètre favori en matière d’inflation, l’indicateur PCE, vient tout juste de rallier l’objectif officiel de 2% sur un an.