Francfort (awp/afp) - La récente évolution du cours de l'euro est "une source d'incertitude" qui pourrait retarder la remontée de l'inflation espérée par la BCE, a indiqué l'un des membres de son conseil des gouverneurs dans une interview diffusée mardi.

"Le développement récent du taux de change (de l'euro) est une source d'incertitude qui nécessite que l'on surveille la situation", a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans une interview au quotidien financier allemand Börsen Zeitung.

Il a mis en avant les "effets d'atténuation potentiels sur les prix à l'importation" de la hausse du taux de change de l'euro. Autrement dit, l'impact à la baisse sur le niveau des prix de la réduction mécanique des prix des biens importés dans la zone euro, comme ceux de l'énergie par exemple.

François Villeroy de Galhau, qui siège au conseil des gouverneurs de la BCE, estime en conséquence que la hausse de l'euro pourrait retarder le redémarrage escompté de l'inflation.

L'inflation en zone euro progresse dans la bonne direction mais la question est de savoir "combien de temps cela prendra pour atteindre notre objectif" fixé sur le moyen terme, soit un niveau légèrement inférieur à 2%, a-t-il ajouté.

Mardi vers 14H00 GMT, l'euro valait 1,2206 dollar - après avoir atteint lundi 1,2297 dollar, son niveau le plus élevé depuis le 19 décembre 2014.

L'euro pourrait être au coeur des discussions entre gouverneurs de banques centrales de la zone euro qui se réuniront jeudi prochain pour décider du futur de la politique monétaire en zone euro.

Un euro fort a de quoi abaisser mécaniquement les projections d'inflation à moyen terme et compliquer la communication de la BCE. Celle-ci s'évertue depuis plusieurs mois à préparer la sortie étape par étape de son ample dispositif de soutien à l'économie, sur fond d'expansion soutenue dans la zone euro.

Cela l'a déjà amenée à réduire à compter de janvier et jusqu'à septembre prochain ses achats nets d'actifs privés et publics sur le marché, qui sont passés au rythme de 30 milliards d'euros par mois, contre 60 milliards d'euros auparavant.

Mais pour l'instant, "l'euro plus fort ne représente pas encore une menace pour les perspectives d'inflation", a estimé mardi l'économiste Frederik Ducrozet de Pictet Asset Management.

Un impact négatif sur l'inflation ne se ferait sentir que si la monnaie européenne s'approchait du seuil de 1,30 dollar, a-t-il estimé. Le record absolu de l'euro face au billet vert est d'environ 1,60 dollar.

afp/rp